La démocratie n'est pas quelque chose de légère. C'est tout ou rien.
Et l'UMP ?
En cette période trouble, on lit à peu près partout que l'UMP se délecte, se gausse. Lefèbvre sort un communiqué à peu près toutes les heures. On ne va pas leur en vouloir, c'est même le cadet des soucis de la gauche.
J'aimerais pourtant voir une vraie élection à l'UMP. Car quand ils veulent, nos responsables de droite sont assez forts pour le crêpage de chignon et autres méchancetés. Quand on dit que c'est la droite qui a dénoncé le HLM parisien de Juppé pendant qu'il était premier ministre...
Donc une vraie élection à l'UMP, Devedjian contre Copé, par exemple. Pas un vote soviétique :
En novembre 2004, Nicolas Sarkozy avait été élu président de l'UMP avec 85,1% des voix, contre 9,10% au député souverainiste de l'Essonne Nicolas Dupont-Aigna et 5,82% à la député des Yvelines Christine Boutin.
Ou encore Sarkozy désigné candidat avec 98,1 % des suffrages. Voilà qui est beau, qui est fort. 50%, c'est un score de gonzesse. 98,1% c'est la démocratie en marche.
Le problème
Le problème, c'est que la démocratie ne se résume pas à glisser un bout de papier dans l'urne. Il faut aussi une certaine culture, des institutions.
Personne ne semble contester le fait qu'au PS, il n'y a pas si longtemps, les pratiques n'étaient pas particulièrement démocratiques. Sans parler du non-respect fabiusien du vote sur le TCE, les pratiques électorales suivaient en général les rapports de force plutôt féodaux. Les militants étaient là pour donner une légitimité à des décisions prises par les seigneurs.
Cette fois-ci, ce n'est pas pareil. Comme pour la designation de la candidate de 2007, vendredi soir le choix était vraiment laissé aux militants. En soi, vu de loin, c'est une très bonne chose. Un progrès. De l'avance sur l'UMP.
Seulement, par malheur, le vote est très serré. Bien trop, car nous arrivons aux limites de la précision électorale dont le PS est capable. C'est sûr qu'à 98,1 %, on peut oublier une section ou deux. A 42 voix, une pression énorme est mise sur chaque acte de chaque responsable dans le décompte du scrutin de vendredi soir. La machine n'est pas assez fiable, tout simplement. Jamais dans l'histoire du PS il n'a été nécessaire d'avoir une précision à la centième d'un pourcent.
Et là je ne parle que des "erreurs". Car l'autre problème avec la démocratie, ce que l'on constate dans les "démocraties émergentes" (catégorie dans laquelle il faudrait désormais inclure le PS), c'est qu'il est compliqué de protéger le processus des intérêts des uns et des autres. Ceux qui organisent l'élection ont des intérêts quant à l'issue. Le soupçon n'est jamais très loin.
Ainsi, quand on commence à être démocratique, il faut l'être jusqu'au bout. Il faut compter toutes les voix, il faut être rigoureux.
Pourquoi il est important d'avoir une vraie élection et pourquoi l'unité n'est pas tout ce qu'on dit
Il faut compter toutes les voix. Et il faut respecter le resultat. Il suffit d'une majorité d'une voix. Si toutes les parties sont confiantes que la voix qui sépare les deux camps est en réalité une voix. Sans cette confiance, tout est au mieux aléatoire, au pire truqué.
On entend beaucoup de cris en faveur du rassemblement, de l'unité. Allez, il faut oublier tout ça et commencer à bosser ensemble. Il faut protéger l'image du PS. Mais cette image est en lambeaux. Aujourd'hui il n'y a pas grand'chose à sauver en termes d'image de marque.
Depuis des années on fustige les synthèses molles à la François Hollande. L'unité que l'on nous propose aujourd'hui serait la plus molle de toutes, l'unité fabriquée dans une crise bien plus grave que le désaccord sur le TCE au Mans. Une synthèse paralysée, paralysante. Non, il faut une victoire et une défaite. Il faut une certaine clarté pour sortir de la confusion actuelle.
Car le niveau de colère produit par les récents évenements ne s'explique pas par une simple préférence de personnes. Depuis longtemps, on dit sans cesse : "au PS, il n'y a plus de débat d'idées, seulement des guerres de personnes". Si ce n'est pas entièrement faux, le vote de vendredi soir et les émotions qu'il a produites montrent à quel point nous sommes à un moment décisif, devant un choix entre deux façons de concevoir la politique et la gauche. Même les socialistes ne s'énervent pas autant pour une différence de coupe de cheveux ou couleur de tailleur. Une question de style ? Oui, mais le style est important, le style est fondamental, le style n'est pas léger.
Aujourd'hui la synthèse est impossible. Il est impossible de "se remettre au travail" puisque personne n'est en mesure de déterminer comment ou vers quoi exactement il faut travailler.
Il est essentiel de trancher. Il est tout aussi essentiel de que la décision prise cette semaine soit légitime et authentique. Chaque heure, ou presque, apporte son lot de nouvelles abérrations électorales. Nous ne pourrons pas reconstruire, même avec des techniques chirurgicales très avancées, le vote d'hier en rajoutant ici et en retranchant là. Il faut donc un vrai vote.
Tant pis si l'UMP rigole. Leur tour viendra un jour.