« Ca sert que Monsieur Ducros se décarcasse pour ma moto ! » ou pourquoi le marché de la moto est un marché comme un autre ?

Publié le 22 novembre 2008 par Gchocteau

Samedi 4 octobre, je vais chez mon « pneumaticien » préféré. Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas une nouvelle profession médicale, je ne suis pas malade, mais tout simplement, mon atelier de montage de pneu préféré. Hop hop, un zouli Z4 monté à l'arrière, je repars chez moi en faisant gaffe de ne pas glisser sur cette nouvelle saucisse en caoutchouc.

Moto dans le garage, le week end se déroule sans soucis, elle restera à l'abri.

Lundi matin, la clé de contact allume les voyants, un coup sur le bouton de démarrage... Un bruit terrible de métal se fait entendre du moteur... Je coupe tout... Je rallume le contact, j'appuie de nouveau sur le bouton... Clang clang clang clang clang clang...

« Aïe ! » me dis-je. Damned, mon embiellage est en train de partir en vacance sans le reste de la moto et surtout sans moi... La retraite à 70 ans, il a pas du entendre... Je préfère ne pas continuer et appeler mon mécanologue préféré.

« CCCCHhhhhhhrrrrriiiiisssttttoooooooppppphhhheeeeee ».... « 'a tout cassé ma moto ! Ouuuinnn … 'a marche p'us... 'a veut p'us d'moi... Ouiiinnn... » … Triste... Snifff...

Christophe passe le soir, démarre (Comme moi le matin) et constate... Clang clang clang clang clang clang... Stop... On arrête... On charge dans le camion... Poufff...

Plus de moto ! Aïe... Pas simple l'organisation qui s'en est suivi, n'oublions pas qu'Agnès et moi prenons la moto matin et soir pour aller travailler, meilleur outil contre les embouteillages. Là, on a fait voiture + tram + bus... Résultat, pour éviter les embouteillages du soir, principalement, causés par les caisseux qui habitent dans des zones desservies correctement par les bus et trams (Faut'l'savoir !). Et même pour le plus écolo des écolos (Pas moi, mes copains), ce mois aura été super galère et couteux en plus. Globalement, 1 heure de travail en moins par jour (Pour moi), du stress d'horaire, … Mais bon, chaque semaine, j'appelais Christophe qui avait la (quasiment) même réponse : « J'ai trouvé ce soucis, mais cela ne suffit toujours pas à régler le bruit ! ». Pour résumer, plein de petites merdes qui font un gros bruit : L'axe de papillon d'arrivée d'air du cylindre droit est abimé et vibre. Cette vibration se répercute dans le boitier de filtre à air (Grosse boite presque vide) et résonne dans le carénage ; Le filtage de ma bougie de cylindre gauche est flingué. La bougie bouge [1]. Les deux symptômes précédents ont complètement déréglé la synchro des carbus, les pistons sont désynchronisés et cognent.

Résultat des courses : un mois sans ma moto, des cheveux blancs en plus pour Christophe et un épitaphe écrit quelques jours avant de la récupérer [2]. Parce que le symptome 3 (La désynchronisation) a été trouvé après que j'ai dit à Christophe d'abandonner. En effet, ne trouvant pas, il me proposait d'ouvrir le moteur et de voir à l'intérieur. Sauf qu'à 115000 Km, le coût était important pour une mamie proche du recyclage par le bain bouillonnant d'acier. Donc, le samedi, je lui avais dit « laisse tomber, j'emprunte et j'achète une nouvelle ! » et le mardi, il me disait « Euréka, j'ai trouvé ! » même si son nom de famille n'est pas De Vinci [3]. J'avais même déjà des rdv pour essayer d'autres RT (1150 en tête).

Mais à la finale, j'ai récupéré ma moto le mardi d'après, soit le 4 novembre... Ah... Quel bonheur ! Malgré le fait que j'ai eu pendant 2 jours environ, la possibilité de changer de monture, je ne m'y résignais pas. Elle tournait comme une horloge avant et cela me gâvait de voir que pour plusieurs petites merdouilles (Car ce sont des petites merdouilles !), j'allais être obligé d'abandonner ma 1100RT en pleine force de l'âge et m'endetter (encore) pour 10 000 euros.

Bon, je sais que c'est reculer pour mieux sauter. Il faudra que je change le papillon, ca coutera cher, je me poserai la question par rapport au kilométrage encore une fois, …

Pour conclure, Christophe a été persévérant. Son ego était touché au vif et cela m'a servi. Au délà de cette détermination à trouver, il aura su mettre des compétences sur la place et trouver les pannes.

Et c'est donc avec encore plus de regret que j'écris que son entreprise stoppe son activité. Eh oui, le motard, malgré tout a changé. Jamais on ne peut plaire à tout le monde, jamais on ne peut tout régler, jamais on ne commet pas de fautes. C'est humain. Dans le commerce comme ailleurs, on est dans l'humain !

Mais que penser de ce marché de la moto qui est petit à petit détenu entièrement par des holdings, regroupant toutes les marques, utilisant notre passion comme un moyen de faire fructifier un peu plus une manne financière déjà imposante ? Que penser du développement des franchises qui n'enrichissent globalement que les propriéraires de la dite franchise, laissant le cambouis et le développement aux petites mains ? Que penser des motos et mobylettes savonnettes achetées pas chères ici et là (Là étant Carrefour par exemple) ? Que penser de la standardisation des interventions en atelier qui conduisent à introduire dans l'esprit du consommateur que la recherche de panne est une perte de temps et que toutes les interventions peuvent entrer dans des cases horaires, sans se soucier de qui paye cette productivité à responsabilité mutualisée [4] ? Que penser d'entreprises qui ne peuvent tenir sans vendre quelque chose et donc, en mettant de côté leur métier de base qu'est la réparation de cycles et motocycles ?

Pourquoi le marché de la moto serait il différent des autres marchés puisque les acteurs du marché ont pris les mêmes plis ? Les magasins sont des lieux de vente et les motards sont des consommateurs, même pas avisés.

Alors que faire ? Que faire sans passer pour un nostalgique d'une époque que les « moins de 20 ans » patati patata ? Que faire sans passer pour un archaïque au détriment des modernes ?

Je ne sais pas.


[1] Tiens, c'est drôle ça, la « bougie bouge », on dirait le nom d'une danse de décérébrés boutonneux

[2] Ci gît Frida, fidèle monture !

[3] Christophe de Vinci, ca l'fait pô !

[4] le client est aussi fautif que l'atelier !

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