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Après 18 mois sans boussole depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, après le congrès de Reims, les adhérents du PS viennent de désigner Martine Aubry comme premier secrétaire du parti mais par un écart annoncé de seulement 42 voix.
Ségolène Royal a immédiatement contesté le résultat en réclamant un nouveau vote. Une inversion des voix dans une section de Moselle, non prise en compte dans le calcul national, donnerait 24 voix supplémentaires à Ségolène Royal et dans une section de Lille, il apparaît une divergence de 20 voix en faveur de Martine Aubry entre les résultats de la section et ceux annoncés par la fédération. Troisième exemple parmi d'autres, en Nouvelle-Calédonie, dont les résultats n'ont pas été pris en compte dans le calcul national, Ségolène Royal emporte 81,25% des suffrages, soit environ 20 voix.
Ce spectacle misérable n’est pas fait pour lever le doute, loin s'en faut, sur la capacité future du PS à s'opposer à la droite et définir ce que pourrait être un socialisme du XXIème siècle.
Depuis des années en effet, les haines accumulées et les plans de carrière des uns et des autres ont remplacé tout débat sur une alternative crédible à la politique de la majorité présidentielle UMP-Nouveau Centre et à la réparation des méfaits de la mondialisation libérale...
Au plan des idées il n’existait pas de réels clivages entre Martine Aubry, Bertrand Delanoë, Ségolène Royal. Et il n’a jamais existé, comme ils l’ont prétendu, une différence stratégique dont le Modem serait la pomme d’achoppement.
Cette divergence sur les alliances mise en avant par le maire de Paris et celui de Lille ainsi que par Benoît Hamon relevait plus du prétexte que de la réalité. On a d’ailleurs pu constater, lors des dernières municipales, qu’aussi bien des partisans de Bertrand Delanoë que des partisans de Martine Aubry n’ont pas hésité à s’allier avec le Modem pour conquérir des municipalités !
Ce qui est serait valable dans les municipalités dont Lille, ne serait donc pas valable au plan national ! Drôle de raisonnement politique tout de même et François Bayrou, sur ce point, a parfaitement raison quand il dit que si les socialistes avaient tous le nez de Pinocchio, ils ne pourraient même plus rentrer dans une pièce tant leur nez toucherait les quatre côtés de la pièce en question !
Car à la vérité, tous les socialistes sont d’accord et répètent qu’il faut un parti fort puis une gauche rassemblée et que c’est seulement si ses conditions sont réalisées que pourra être envisagée, notamment à l’occasion du deuxième tour d’une présidentielle, une ouverture aux électeurs du Modem qui seuls pourraient assurer une majorité au candidat de la gauche en 2012.
Concernant l’Europe, Martine Aubry et Ségolène Royal, tout comme Bertrand Delanoë et François Bayrou, ont voté OUI au TCE en mai 2005 mais semblent découvrir aujourd’hui seulement, à la faveur de la crise financière la plus grave depuis 1929, les méfaits du libéralisme en Europe et dans le monde…
Pour mieux obscurcir le tableau, Martine Aubry compte dans ses rangs Laurent Fabius et ses amis, tous partisans du NON au TCE et Ségolène Royal veut faire de Vincent Peillon, jadis partisan également du Non au TCE, son 1er secrétaire national délégué !
Quant à Benoît Hamon et l’aile gauche du PS, ils sont capables de se situer socialement d’une manière plus radicale et ont une vraie vision du capitalisme financier et de ses méfaits. Mais ils sont souvent réduits à se vendre au plus offrant pour quelques postes de députés ou sénateurs. Certains observateurs trouvent même curieux que la gauche du PS soit menée par un «jeune» qui a débuté rocardien, a fait toute sa carrière dans les cabinets ministériels, chez Lionel Jospin ou Martine Aubry…Et cette gauche nous expliquera demain que Martine Aubry, pur produit d’un certain patronat et du social-catholicisme est un moindre mal face à Ségolène et la Droite.
Ne pouvant plus continuer à entendre ces «salades», Jean Luc Mélenchon, sénateur et Marc Dolez, député, viennent de quitter le PS en appelant à la construction d’un nouveau parti et à la constitution d’un front de forces de gauche pour les prochaines élections européennes notamment.
C’est l’occasion de refonder un projet de transformation et d’émancipation qui tire les leçons des échecs historiques, notamment de la social-démocratie européenne et qui prenne à bras le corps les nouveaux défis de la mondialisation capitaliste à la menace environnementale.
Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez ne partent pas de rien et s’inscrivent dans une longue tradition : l’héritage des Lumières et de la Révolution française, les combats républicains, les luttes du mouvement ouvrier et du socialisme historique, le programme du Conseil National de la Résistance…
C’est à un projet de République sociale et démocratique et de nouveau type de développement économique, social, environnemental qu’ils vont travailler.
Les élections européennes du printemps 2009 offriront l’occasion de bousculer le consensus libéral dominant et seront ainsi les premiers travaux pratiques pour le nouveau parti de gauche et sa politique unitaire.
Le référendum du 29 mai 2005 à propos du TCE l’a bien montré : il y a une majorité à gauche et dans le pays pour refuser les politiques libérales et des forces politiques et sociales sont disponibles aujourd'hui pour s’engager dans une telle alternative…
Appel pour la création d’un parti de gauche
Nous soutenons l’appel à la construction d’un nouveau parti de gauche lancé par Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez. En effet nous ne trouvons pas notre compte avec la gauche telle qu’elle est aujourd’hui. La crise du capitalisme éclate sous nos yeux. Mais la gauche n’apparaît pas comme une alternative. Elle échoue à s’opposer efficacement à la droite. Elle y renonce même parfois ! Dans plusieurs pays européens, les partis majoritaires à gauche gouvernent avec la droite. Nous ne voulons pas perdre notre temps et notre énergie à attendre qu’ils se ressaisissent. C’est maintenant qu’il faut agir pour un nouvel horizon pour le futur de l’Humanité. Rien de moins.
C’est pourquoi la construction de ce nouveau parti de gauche est une bonne nouvelle. Tourner la page du capitalisme quand il nous replonge dans les débâcles qui ont déjà fait les désastres du passé, c’est si difficile. Mais c’est l’urgence ! Transformer le système et le contenu de la production pour éviter la catastrophe écologique qui s’avance, cela parait une tâche tellement hors de portée. Mais c’est vital ! Changer la répartition des richesses pour que le plus grand nombre vive enfin dignement, cela semble ardu. Mais pouvons-nous accepter l’enrichissement colossal d’une petite minorité pendant que la misère s’étend ? Refonder la République et redonner le pouvoir aux citoyens en toutes choses, c’est devenu presque utopique. Mais sinon quel moyen pour changer le monde ? Faire vivre une laïcité intransigeante, c’est désormais un engagement souvent vilipendé. Mais sans cela, quelle société laisserait-on s’imposer ? Construire une Europe enfin démocratique et sociale, cela heurte de front le Traité de Lisbonne ? Mais la solidarité des peuples vaut mieux que leur concurrence !
Tout cela il faut oser le vouloir, ici et maintenant, en faire un programme de gouvernement, un projet de rassemblement majoritaire de notre peuple. Pour cela il faut bousculer les conformismes, les opportunismes, les sectarismes, la résignation. Die Linke en Allemagne a montré que cette ambition pouvait faire son chemin. En France, nous le pouvons aussi. Nous savons de quelle magnifique et longue histoire nous pouvons être les héritiers. Nous pouvons reconstruire une gauche digne de ce nom, sans complexe face à la droite et au capitalisme. C’est pour cela que nous soutenons la création du nouveau parti de gauche.
http://www.lepartidegauche.fr/
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