Etats pas très ... GENEREUX ... de la presse écrite

Publié le 24 octobre 2008 par Nellym67

Je poursuis un peu ici le débat amorcé dans le cadre des Etats généraux de la presse... (ici ou là). A l'heure où l'on découvre à quel point la désinformation prend régulièrement le large, loin des attentes qu'on peut avoir vis à vis de notre presse écrite, particulièrement en période de crise -pas si- "surprise", ou dans le cas de la caisse d'épargne complètement déstabilisant pour Christine Lagarde qui n'avait pas lu les bons canards apparemment depuis le printemps..., donc à cette heure de grand délire sur les plate-formes communicantes en tout genre, les experts poursuivent leur réflexion sur la presse et son avenir.

Sous la tutelle du Président de la République.

A huis clos.

Entre experts et sans les lecteurs... (et encore moins les bloggeurs, qui n'ont bien entendu aucune influence sur l'évolution de la presse). --> on appelle cela quand même de la concertation, parce qu'il y a du monde qui discute!

Pour suivre les débats, un site "officiel" : cliquez! (avec en guest star... : M Sarkozy himself, il aurait été dommage de ne pas avoir le discours du coordinateur de l'évolution de la presse... indépendante : ici)

Chez les journalistes, deux options retenues : il y a ceux qui participent activement, animent, cogitent et concluent... ça phosphore beaucoup, les débats sont dynamiques, une volonté de progresser en prenant en compte les nouveaux modes de diffusion de l'information écrite tout en pérennisant les traditionnelles sociétés de presse, est vraiment manifeste. François d'Orcival, Président du Syndicat Professionnel de la Presse Magazine et d'Opinion, trouve cette initiative présidentielle très heureuse et porteuse d'opportunités nombreuses pour la profession qui enfin a la liberté d'exprimer ses besoins et ses attentes. Bruno Patino, directeur de France Culture prend les débats en main, Laurent Joffrin de chez Libération, est curieux et plutôt enthousiaste.

Seconde option : boycott, tout simplement. On retrouve sans surprise Edwy Plenel dans cette catégorie, en rebellion active surtout depuis avril 2007, à la tête de Mediapart, journal indépendant... et indépendant particulièrement vis à vis du régime! Mais il n'est pas seul : l'ensemble du Forum des Sociétés de Journalistes, avec à sa tête Jean-Michel Dumay, s'opposent aussi au déroulement tel quel de ces états généraux, avec des adhérents représentant... une trentaine (!) de rédaction de la presse écrite et audiovisuelle. Idem pour Philippe Cohen, rédacteur en chef du nouveau-né Vendredi qui revendique une organisation de cet événement par les professionnels de la presse eux-mêmes! Et chez Marianne, on est sceptique aussi.

Impossible de ne pas reconnaître ce besoin de "second souffle"  dont la presse quotidienne a besoin comme l'exprime l'Institut Montaigne.

Mais qu'est-ce qui nous intéresse, nous, lecteurs et bloggeurs éventuels? Quelles informations recherchons-nous, quand nous ne sommes pas occupés à mettre du vieux pain sur notre balcon pour attirer les moineaux et les pigeons?... Apprécions-nous d'être mis sur le fait accompli de décisions qui se sont prises sans nous, dans les ministères, dans les entreprises, dans notre environnement? Pour ceux qui souhaitent vivre un peu plus de manière citoyenne et active, quels sont les moyens que nous pouvons attendre, susceptibles de nous informer? A l'heure d'internet, il est évidemment simple d'aller chercher de l'info là où elle se trouve, à la source, directement. Mais pour le décryptage et l'analyse, un éclairage est indispensable, et c'est le côté le plus noble du métier de journaliste. Mais qu'est-ce que signifie aujourd'hui être un journaliste indépendant lorsque même avec la déontologie la plus adaptée, on reste tributaire de ses sources humaines qui peuvent se retourner en cas de désaccord avec l'analyse? De n'importe quel journal, les journalistes font souvent du mieux qu'ils peuvent, mais malgré tout se réservent le droit d'ouvrir un blog pour parler encore plus librement... et poursuivre leur investigation au-delà de tout conflit d'intérêt.

Avec une reprise progressive du monde de la presse écrite par les grands groupes mondiaux, les futurs "champions" que souhaite Sarkozy, n'allons-nous pas voir se déployer de plus en plus un journalisme alternatif et sérieux, grâce à des talents qui se feront connaître par leur signature chez les grands de la presse, et attireront sur leurs blogs des lecteurs qui ont soif d'en savoir plus?

Et en guise de conclusion, une question : comment transformer ces états généraux pour Sarkozy en... états générEux pour la presse?

 pour info,ci-dessous une vidéo de François Bonnet, un autre grand rebelle mais néanmoins talentueux journaliste de Médiapart).