Brice... cassé! (pas lui, l'appel d'offre)

Publié le 31 octobre 2008 par Nellym67

A force de surfer sur les droits des immigrés, Brice Hortefeux n'est pas très nice... (désolée pour les jeux de mots douteux).

Le Tribunal administratif de Paris a hier décidé d'annuler l'appel d'offre du "Ministère combinant tout plein de choses", de l'immigration à l'identité nationale en passant par l'intégration, le codéveloppement, bref, un big ministère reposant sur les belles valeurs manichéistes de l'immigration... (il y a les bons et les pas bons... comme d'hab).

Brice Hortefeux nous dit que ce refus est surtout technique. La Cimade et les associations gagnent un peu de temps. Il paraîtrait même que la concertation aurait manqué dans la réalisation du projet et la rédaction de l'appel d'offres. Dans le cadre d'une réforme qui prône le pluralisme, ce serait le comble! Les associations, on les connaît, elles ne défendent que leurs intérêts, leur "monopole" (clin d'oeil à la Cimade), et les experts de la rétention, eux au moins, savent bien qu'il faut "un minimum de connaissances" juridiques pour travailler dans les centres de rétention. Un minimum seulement parce que trop de connaissances risqueraient de provoquer trop de défense... ; et encore des pétitions ... Beaucoup de bruit pour rien. Ou pas?

Bref, ne reprochons pas à "Brice de France" de vouloir rendre possible l'action conjointe de plusieurs associations à l'intérieur des centres de rétention. Au contraire, on n'est jamais assez nombreux pour accompagner, écouter, conseiller, défendre.

Les revendications de la Cimade et des associations permettent surtout de compléter le projet en pensant en tout premier lieu à l'intérêt des personnes détenues/retenues/expulsables, et au côté humain de la question. Un accompagnement juridique, oui, mais avec de vrais juristes spécialisés dans le droit des étrangers! Le pluralisme, oui, mais exercé à l'intérieur des centres, pas de distribution des rôles possibles avec la règle du "chacun son centre".  Un regard extérieur, oui, mais le droit de raconter ce qui se passe à l'intérieur aussi, donc droit de réserve, NON! De manière à encourager aussi les progrès et les vraies réformes dans les conditions de rétention! Pas de quoi refuser si les intentions sont soi-disant si claires et non discriminantes!

Bref, le ministre revoit sa copie, il avait déjà commencé. Dans l'attente...

Quant à l'Europe, à l'heure où elle entérine le pacte européen sur l'immigration et l'asile initié par ce même Brice Hortefeux, sur quelles fondements va-t-elle s'appuyer pour décliner son projet de société vis à vis des flux migratoires, qui en période de crise financière et surtout alimentaire, ne vont pas s'atténuer? Travailler sur les modes d'explulsion nécessite forcément en amont que le dispositif d'accueil et de contrôle aux frontières soient coordonnés et corrélés au codéveloppement animé dans les pays d'origine. C'est à peu près l'objectif du futur "bureau d'appui européen" qui selon les termes de Mediapart (14/10) "aura pour mission de faciliter les échanges d'informations, d'analyses et d'expériences. Là encore, pas question d'aller trop loin dans l'harmonisation: ce bureau ne sera doté ni d'un pouvoir d'instruction ni d'un pouvoir de décision. Il devrait se contenter de la «mise en cohérence» des pratiques." L'immigration est un phénomène naturel, l'enjeu ne se situe donc pas dans l'empêchement et le tout répressif. L'immigration choisie est contraire aux droits de l'homme et aux fondamentaux de l'action europénne qui au contraire doit organiser cette immigration : réfléchir à nos capacités d'accueil (avec tout ce que cela comprend, du logement au travail, de l'accompagnement à l'autonomie). Anticiper les flux migratoires, ce qui sous-entend qu'on doit s'intéresser à ceux qui potentiellement peuvent vouloir immigrer. Comment? J'avoue que c'est là qu'il faut apporter des réponses concrètes, non pas destinées à justifier certains choix répressifs et privilégiant l'exclusion, mais plutôt qui partent d'un état des lieux réalisé par l'état et l'Europe EN CONCERTATION avec les associations. Il y a de quoi faire, et c'est le combat de ceux qui se battent sur le terrain pour le droit des étrangers, et plus fondamentalement, pour les droits de l'homme.