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De l'exclusif hystérique à l'historique allusif

Publié le 09 novembre 2008 par Nellym67

Je n'ai pas beaucoup écrit cette semaine, l'actualité m'inspirant davantage un besoin de retour au calme et au réalisme, après de grands moments collectifs de frénésie, d'espoir et surtout d'oubli de soi et du contexte dramatique dans lequel s'est inscrite l'élection de nouveau Président des Etats Unis. De reportages exclusifs en scoops de dernière minute, de révélations inédites en témoignages "bouleversifiants", la revue de presse oscillait entre dépendance et voyeurisme, et même si on ne peut nier la qualité de certains reportages, il est évident que d'un article à l'autre, rien de bien nouveau en général.

Une question à laquelle seule l'histoire et le temps nous permettront de répondre, c'est celle concernant le renouvellement démocratique, pointée du doigt et célébrée pour qualifier la mobilisation des Américains et le mode opérationnel choisi pour le déroulement de la campagne participative de Barack Obama. Les citoyens se sont effectivement déplacés en masse par rapport à d'habitude, assumant leur responsabilité d'électeur. Cependant, le matraquage des "exclusivités" nous conduit à consommer l'événement plus qu'à le mesurer à l'intérieur de repères sociaux que la crise actuelle continue de déstructurer, et malgré une conscience certaine que tout se joue maintenant, une forte tendance s'exprime, qui consiste à remettre entre les mains d'un homme et de son équipe son destin et celui de ses compatriotes. Il s'agit d'une tendance à la passivité, doublée de reconnaissance a priori vis à vis des futures décisions. Le citoyen redevient le consommateur égoïste, et laisse faire, se recentrant sur ses soucis quotidiens et ses préoccupations habituelles de vie plus tranquille qu'éclairée. La diffusion d'exclusivités et la chasse aux titres racoleurs sont symptomatiques de cette courses à rendre le citoyen consommateur d'informations avant de lui permettre de devenir ou rester le citoyen éclaireur de l'information. Il faut aller chercher au-delà d'Obama et des Etats-Unis les réponses aux attentes soulevées par le contexte mondial et ouvrir ses préoccupations individuelles aux préoccupations globales de toute une planète, car le marché est mondial.

19 ans jour pour jour après la chute du Mur de Berlin, il est temps de faire chuter aussi d'autres murs, ceux de frontières invisibles qui nous conduisent à penser local et agir global alors que le contraire s'impose. Si quelques pierres sont tombées cette semaine (celle de la couleur, celle du conservatisme assumé, celle de l'expérience, celle de l'indifférence citoyenne), il ne faut pas les remplacer par des pierres incassables (celle du tout sécuritaire, celle du tout autoritaire, celle de la légitimité du pouvoir arbitraire). Les Américains et tous les autres hommes tendant à être des citoyens du monde doivent briser le mur qui empêche l'information de circuler d'un lieu à l'autre, d'un espace clôt à un espace clôt. La diffusion de l'information, la communication des événements marquants, si elles ne peuvent s'affranchir des gros titres attractifs et séducteurs, ont tout intérêt à s'accompagner d'un réveil citoyen et d'une vigilance accrue sur toutes les réformes nécessaires. C'est ce rôle que l'état doit privilégier au détriment de ses choix actuels de préservation de l'intérêt de ceux qui permettent de faire perdurer la passivité généralisée et la dépendance envers les plus puissants. La concertation dans les décisions est une première étape, concertation n'intégrant pas que les experts, mais aussi les utilisateurs. L'éducation et l'éveil de la curiosité des enfants dès l'école, autre étape. L'indépendance des médias, privilégiant l'investigation à la publicité et au racolage. Et tellement d'autres initiatives incitant à regarder au-delà des murs, au-delà des mots.

Réveillons en nous la faculté de nous indigner, d'expliquer pourquoi nous ne sommes pas d'accord, et de casser tous les murs qui nous enferment dans des communautés de semblables et nous empêchent de rencontrer l'autre... La réconciliation suppose la fin des antagonismes. Penser global, agir local. Ca vous rappelle quelque chose?

En 1989, le 9 novembre, les Allemands brisent le mur des antagonismes est/ouest d'un seul et même peuple. Immédiatement après, Helmut Kohl impose l'unité monétaire et surtout met en oeuvre l'unité politique. Les murs chutent, les peuples se rapprochent.

Concerto de Berlin, de Vladimir Cosma, par le Berliner Philarmoniker et des photos du Mur... :


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