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L'heure est venue de bâcler une fin à ce feuilleton. La rédaction vous présente d'avance ses excuses. Etant le très faible nombre de lecteurs, nous n'avons pas renouvelé le contrat qui nous liait à cet auteur. Déjà le public se désintéresse de ce drame dont seul l'avenir nous intéressait.
Antoine s'était exécuté. Il n'avait pas le choix. Il fallait absolument l'éliminer de la course.
Elle.
Pour que ce soit son triomphe à elle.
Comment s'y prendre ? Les bas-fonds de la République sont encombrés d'affaires identiques. On ne se souvient que de celles qui ont échoué. Les ballets roses. Les vieux carnets d'un responsable du renseignement. Bien sûr, Antoine n'avait pas à sa disposition de faux époux ou des nageurs de combat en bocaux. Il ne devait compter que sur lui-même.
Dès que la machination fut ourdie, son compte fut créditée de la somme convenue à l'avance. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que son commanditaire ne souhaiterait pas qu'un jour on puisse recueillir ne serait-ce qu'un tout petit bout de son témoignage.
Deux hommes armés de barres de fer lui tombèrent dessus le soir qui précéda le vote des militants. Ils le laissèrent pour mort. Il parvint miraculeusement à se rétablir. Désormais, il était sourd et aveugle.
Il ne sut jamais comment la machination qu'il avait ourdie avait échoué.
Car en définitive, c'était elle qui avait gagné.
photo : Parfum de Femme