Du rififi chez les ploucs au gouvernement belge

Publié le 21 novembre 2008 par François Collette

Je l’ai déjà dit mais il n’est pas inutile de le répéter : le gouvernement fédéral belge, constitué dans la douleur après dix mois de guerre de tranchées nord-sud, est un mouton à cinq pattes quasi ingérable. Trois petites pattes francophones et deux belles flamandes. Cinq petites pattes parfaitement asymétriques, indépendantes, asynchrones et antagonistes. Antagonistes sur les plans linguistique et idéologique mais aussi et peut-être surtout sur le plan humain puisqu’il est avéré que les éminences qui tentent de gouverner l’Ubuland se bouffent le nez comme de vulgaires ploucs et se tirent sans retenue dans les pattes pour un oui pour un non. Voyez ce qui se passe à propos du Congo de Kabila (RDC) où le conflit public est ouvert entre le sieur Karel De Gucht, ministre (flamand) des Affaires étrangères, et son « collègue » francophone de la Coopération au développement, le sieur Charles Michel. Idem pour la politique d’immigration que tente de mettre au point la flamande Turtelboom copieusement vilipendée par les forces de gauche du côté francophone. Il y a d’autres cas dont je vous épargne les détails car, vu de l’extérieur, c’est un peu Clochemerle.

Ajoutez à cela un chef - Leterme – aussi gris que ses costards et plutôt faiblard, ce qui est fort navrant puisqu’en Belgique le Premier ministre est le « vrai » chef de l’Etat, le Roy n’étant là que pour le décorum, les nostalgiques jeunes ou vieux de la Belgique unie et la presse pipole.

Dans de telles circonstances, le gouvernement fédéral n’est qu’un machin qui vivote en tirant à hue et à dia, sans âme et sans beaucoup d’efficacité même si la gestion dans l’urgence de la crise financière et bancaire a pu donner un peu de lustre tout à fait superficiel. Mais le bon peuple belge, endormi ou simplement lassé, paraît s’en accommoder. Même les syndicats semblent tombés en léthargie. C’est qu’on attend juin 2009, comme si les élections régionales allaient tout régler. A force de se l’entendre dire, on le croit.

Cette mésalliance de raison a aussi un coût très lourd pour les francophones ont dû accepter de se laisser cocufier une fois de plus par les Nordistes dans l’attribution des maroquins. Ces derniers – 63 pc de la population nationale, ne l’oublions pas - se sont attribués les postes clés : Premier ministre (incontournable), affaires étrangères, intérieur, défense, justice, immigration.

La « coalition » gouvernementale est un mal belge qui affecte le pouvoir à tous les étages. La cause est simplissime : le vote à la proportionnelle dont les « grands » partis politiques s’accommodent puisqu’il leur garanti une présence quasi permanente au gouvernement même s’ils y perdent toujours une partie de leur identité. La « particratie » est un autre mal. Elle sévit en permanence au cœur du gouvernement dont les présidents de parti sont plus que jamais les « belles-mères ». Ce sont d’ailleurs eux qui désignent « leurs » ministres. Ministres d’un parti avant d’être ministres d’un gouvernement. Et pour ne mécontenter personne, chaque parti de la coalition a son « vice-premier ministre », généralement un vieux briscard, mâle ou femelle, qui fait office de concierge auprès de la belle-mère. Et on voudrait que ça marche.

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