Ceux d'entre vous qui suivent la politique savent qu’aux dernières élections fédérales, c'est Maxime Bernier qui a obtenu la plus forte majorité, malgré le scandale dans lequel il a été impliqué. Comment est-il possible d'obtenir une si grande majorité après s'être fait détruire sa réputation publiquement. Plusieurs analystes politiques se sont penchés sur la question et la réponse se trouve dans la popularité. L'analyste Sylvain Sanschagrin nous explique :
"C'est ce que l'on appelle l'effet Michèle Richard. Vous savez, à l'époque, beaucoup de gens riaient de la chanteuse. Surtout les Bleus Poudres, on s'en rappelle. Mme Richard embarquait dans leur jeu et acceptait de se faire ridiculiser répétitivement par le fameux personnage Raymond Beaudoin. Malgré cela et les scandales de fraudes de son mari, Yvan Demers, elle a réussi à conserver sa popularité. Sa devise était « Parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en » et ça fonctionne. Il semblerait que le poids média (pourcentage de temps d'antenne attribué) soit l'élément le plus influent sur le choix de l'électorat."
En effet, ce constat avait déjà été fait en 2007 par Steeve Proulx. Toutefois, il a fallu attendre cette année pour que le phénomène ne soit documenté scientifiquement. Selon M, Sanschagrin, on peut créer l'effet Michèle Richard en appliquant trois règles :
- Créer la controverse
- Avoir l'air d'une vedette
- Faire pitié
Cette nouvelle tactique électorale n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd lorsque Mario Dumont à rencontré M. Sanschagrin lors d'une visite à l'université Laval au printemps 2008. Toujours avide de nouvelles stratégies et d'opinions à la mode, le député de Rivière-du-loup a aussitôt mis en branle un plan qui devait lui donner accès au siège du premier ministre. On peut en voir certains aspects dans la présente campagne.
Règle #1 : Créer la controverse
On a pu entendre Mario Dumont cette semaine se plaindre contre la populaire émission Tout le monde en parle. Il a accusé l'équipe de ne pas être impartial et d'avoir donné un traitement de faveur à Jean Charest. Cela a provoqué l'indignation de Guy A. Lepage. Au dernières nouvelles, Dumont n'aurait aucune preuve de ce qu'il avance et il n'y a également aucune façon de prouver que ce n'est pas vrai non plus. Nous arrivons donc à une situation où deux personnalités publiques se font la guerre dans les médias. L'aspect cocasse et inhabituel d'une querelle entre un comédien et un politicien ne va pas sans attirer l'attention des gens et des médias. Bingo Mario !
Règle #2 : Avoir l'air d'une vedette
Pour que l'effet Michèle Richard atteigne sont plein potentiel, il est impératif pour la personnalité en question d'avoir l'air d'une vedette. Le prestige de l'individu fait rêver les gens et les fait s'associer à leur succès, d'où le désir de voter pour eux. On peut observer cet aspect du phénomène dans le vote massif de la population du Québec dans le cadre de l'émission Star Académie. On peut constater la volonté de Dumont à ressembler de plus en plus à une vedette sur des pancartes électorales qui ressemblent à des photos d'artistes autographiées.
Règle #3 : Faire pitié
Dimanche passé, Mario nous a servi son mea culpa dans lequel il nous expliquait que c'était de sa faute si les Québécois étaient déçus de l'ADQ, que les choses changeaient, qu'il fallait s'adapter et que c'est donc dur la vie. Il est indéniable que ces déclarations tactiques se placent dans le cadre d'un plan global qui a pour but de profiter de l'effet Michèle Richard.
D'ailleurs, le logo de l'ADQ serait en plein remaniement et une nouvelle version serait en cours d'approbation par les autorités du parti.
Malheureusement pour Mario Dumont, le déclanchement prématuré des élections pas Jean Charest l'a pris de court et son plan n'était encore tout à fait prêt. Selon le président de la campagne de l'ADQ, Mario Dumont devait enregistrer un CD de musique au courant de l'année 2009 pour ensuite dire qu'il se sentait violé par les gens qui téléchargent sont album en mp3 pendant la campagne suivante.