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Du côté d'Orouët

Par Luc24

La critique  

Du côté d'Orouët

Un vrai moment de bonheur cinématographique

Joëlle travaille dans un bureau où la routine semble s’être installée. Son patron, Gilbert, continue de la draguer avec une certaine maladresse…Peu importe : Joëlle sait que les vacances approchent. En plein mois de septembre, elle part avec deux copines sur la cote vendéenne. C’est l’occasion pour ces jeunes femmes de s’amuser comme des gamines, de retrouver des souvenirs d’enfance et surtout de profiter des plaisirs simples de la vie. Balades au bord de la mer, régimes oubliés au profit de cures de gaufres, petits jeux de vacances…Leur quotidien (qui aurait pu virer à l’ennui) est perturbé par leur rencontre fortuite (du moins le croient-elles) avec le patron Gilbert qui lui aussi a pris des vacances. Rapidement, il finit par emménager dans leur maison. Mais ici, nous ne sommes pas au bureau et les situations s’inversent : Gilbert devient le souffre douleur des demoiselles. S’occupant des taches ménagères, toujours aux petits soins, objet de toutes les moqueries : cet homme maladroit va en baver mais aussi offrir à ses nouvelles camarades des vacances assez inoubliables…

C’est un film qui dure 2h30 et qui ne parle que des petites choses de la vie. Et devinez quoi ? C’est un film absolument incontournable, un énorme plaisir de cinéphile, un moment de bonheur, de pure joie. Jacques Rozier nous emmène en vacances avec trois jeunes filles un peu futiles qui passent leur temps à glousser et à faire des conneries. On se sent très rapidement complices. Et lorsque le personnage de Gilbert débarque, c’est encore plus jouissif. Bernard Menez est d’une drôlerie et d’un charisme rares et rend son personnage incroyablement attachant. On vire en plein « girl power », Gilbert devenant le petit jouet de ces dames. Des jeux enfantins, souvent cruels tout en restant tendres, s’instaurent sous le soleil. Les minutes défilent et ne cessent plus de nous enchanter. Car Du côté d’Orouët ce n’est que de la vie , filmée pendant 2h30. Une vie sans contrainte, les vacances, l’évasion loin du boulot et des tracas de la ville. La liberté. Les personnages se ressourcent, s’oublient, se laissent porter et retrouvent avec une folle énergie les plaisirs de l’enfance.

Rares sont les œuvres de cinéma à témoigner d’un tel naturel, d’une telle franchise, d’une si belle spontanéité. Tout semble vrai ici, on a l’impression d’être avec des amis. Et, ô bonheur,  la réalisation suit en nous offrant des séquences et des plans pleins de poésie ou d’inventivité. Du côté d’Orouët est un film qui dégage une telle fraicheur, une telle bonne humeur, que l’on aurait envie que le film ne s’arrête jamais pour rester en compagnie de cette petite troupe. Rester là à se marrer face à des sardines dégoutantes et encore vivantes qui gigotent (un mélange de répulsion et de fou rire partagé), à délirer sur le nom d’Orouët et son improbable Casino…Et justement, c’est là que le film de Rozier est incroyablement fort : il parvient au final à créer une rare nostalgie. Dans la dernière demi-heure, la fin des vacances approche. Les masques tombent alors, les bobos au cœur s’affichent et le retour à la réalité est brutal. C’est la fin du beau temps, de l’insouciance. C’est aussi et surtout la fin de la jeunesse. Retour au boulot, il faut travailler maintenant et attendre 11 mois les prochaines vacances. Véritable bonbon acidulé, trésor du cinéma français : Du côté d’Orouët, sans aucune prétention, se pose avec évidence comme une œuvre incontournable.  

Coffret Jacques Rozier, actuellement disponible à la vente

 

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