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Connaissez vous le guayule?

Publié le 31 juillet 2007 par Angélie Baral @Greenvibes

Le guayule, cela ne vous dit rien? Retenez pourtant ce nom car cette petite plante pourrait bien supplanter les champs d'hévéas pour la production de larmes de bois... autrement dit, de caoutchouc (1).

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Le guayule (prononcez "oua-you-lé"), de son nom scientifique Parthenium argentatum, est un arbrisseau originaire d'Amérique (nord du Mexique, sud des Etats-Unis) produisant du latex, comme l'hévéa. Son nom vient d'ailleurs du Nahuatl "cuauhuli", contraction de "cuahuitl" (arbre) et "uli" (caoutchouc). Il affectionne les milieux arides et semi-arides, ce qui en fait une plante idéale, poussant d'autant plus facilement qu'il produit une résine agissant comme un pesticide naturel.

Connu depuis des siècles, il fut l'objet au XXème siècle de plusieurs périodes de productions intenses (notamment durant la 2ème guerre mondiale) avant de tomber dans l'oubli - pas assez rentable vis-à-vis de l'hévéa et du caoutchouc synthétique face à un marché basé sur du court terme.

Or, non seulement le guayule est peu exigeant (climat sec, résistant aux maladies), mais il est particulièrement hypoallergénique, contrairement au latex de l'hévéa auquel 1 à 6% des européens sont allergiques (source: research*eu). Le guayule suscite donc depuis peu un regain d'intérêt des industriels, les substituts artificiels n'étant pas toujours satisfaisants (rappellons ainsi que le caoutchouc naturel est une composante essentielle des pneus).

Cet intérêt est d'autant plus marqué tandis que le récent rapport d'experts d'Epobio (2) souligne les qualités du guayule comme plante élastomère. Dans ce cadre, celle-ci pourrait devenir une plante commune des champs du sud de l'Europe. Avec un rendement d'une tonne de caoutchouc à l'hectare (contre 1,5 à 2,5 t/ha/an avec l'hévéa), cela permettrait d'offrir une réelle alternative au latex de l'hévéa.

Comme d'habitude, reste à connaître les impacts de telles productions lancées à grande échelle:
- Impacts sur la biodiversité: la plante est native d'Amérique, comment la contrôler hors de ses frontières? Comment interagira-t-elle avec les espèces locales? Quels seront les risques d'une exploitation à grande échelle? C'est une plante très résistante... comme l'eucalyptus importé d'Australie, notamment en Afrique sous l'empire britannique où ces plantations ont fait des ravages car grandes consommatrices d'eau et repoussantes pour les insectes et les animaux. Ces arbres ne sont pratiquement pas consommés et provoquent un profond déséquilibre des écosystèmes (pensez aux essences naturelles d'eucalyptus, particulièrement... odorantes).

- Impacts humains: les plantations d'hévéas sont une catastrophe humanitaire, où des hommes sont exploités dans des conditions très dures (obligation de saigner des centaines d'arbres par jour) pour gagner un salaire de misère. Pour être rentables, les plantations sous nos latitudes devront repenser totalement les modes de prélèvement. Ou nous faisons preuve d'innovation, ou nous tombons dans l'écueil des fraises espagnoles (pour ne citer qu'elles) dont la cueillette se fait en exploitant des hommes vivant dans de véritables bidonvilles.

- Impacts sanitaires: le guayule est reconnu à présent comme non allergène. Sauf qu'en cas d'exploitation massive, les plants utilisés seront le résultat d'une sélection draconienne. Ces derniers seront-ils toujours aussi peu allergènes?  


Entre les champs de maïs pour la production d'agro-carburants qui attisent les spéculations depuis peu et des futurs champs de guayule pour le latex, les terrains à destination de l'alimentation risquent de connaître une surévaluation sans précédent... à quand des pêches à 10 euros le kilo et des salades à 5 euros pièce?

(1) Le mot caoutchouc vient du quechua (langue amérindienne) "cahutchu" qui signifie larme de bois (source: Cirad)

(2) EPOBIO (realising the Economic POtentiel of sustainable resources - BIOproducts from non-food crops): panel d'experts scientifiques et industriels pour identifier les secteurs d'investissements futurs dans les recherches agronomiques pour évaluer le potentiel économique de matières premières dérivées des végétaux offrant des avantages à long terme pour la société. 

Sources:
- "Le virage post-alimentaire", magazine publié par la Commission Européenne research*eu (juin 2007)
- "La caoutchouc, un matériau qui dégomme", brochure du CIRAD (2006)
- "Principaux secteurs économiques: caoutchouc", quid
- "L’hévéaculture familiale : une réussite et un espoir pour des milliers de familles", Agence Française de Développement


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