Aujourd’hui je vous propose de continuer à explorer l’univers des bons vieux films indispensables à toute DVDthèque. Au menu du jour : Blade Runner. Autant dire que ce film truste une place de choix dans ma DVDthèque. Selon l’humeur, je le place devant, à égalité ou juste derrière Brazil dans ma liste des meilleurs films du monde de l’univers. Une vraie réussite de Ridley Scott, dans sa période la plus productive et surtout un film indispensable.
Blade Runner – Toujours surprenant vingt ans plus tard…
Los Angeles, 2019. Deckard, un flic avec le statut de Blade Runner, est chargé de la traque et l’élimination de quatre Repliquants, des androïdes à figure humaine, ayant organisé une mutinerie ayant coûtée la vie à de nombreux humains. Mais ceux-ci ne l’entendent pas de cette oreille, et conscients de leur courte durée de vie, vont tout faire pour donner un sens à leur existence…
A l’origine, Blade Runner est une adaptation d’une nouvelle de Philip K. Dick intitulée « Do androïds dream of electric sheep ». Après une valse entre plusieurs réalisateurs c’est Ridley Scott, tout droit sorti du succès d’Alien, qui met la main sur le projet. Il impose d’emblée sa vision en transformant la ville sous la neige du script initial en mégalopole tentaculaire, inondée de publicité et toujours sous la pluie. Histoire de donner encore un peu plus de profondeur à son univers, il fait appel à Syd Mead, un dessinateur industriel ayant utilisé ses dons pour designer un certain nombre d’éléments sur Star Trek et Tron. Le résultat est hallucinant. Même vingt ans plus tard, la vision futuriste de la mégalopole affiche une cohérence visuelle et un sens du détail qui laisse pantois.
Il est amusant de constater que ce film, que n’importe quel cinéphile cite sans vergogne aujourd’hui, avait été décrié par la critique lors de sa sortie et majoritairement boudé par le public. Et pourtant… Aujourd’hui, l’ambiance rétro-futuriste déprimante, très inspirée des films noirs des années 50, bercée par la musique enivrante et entêtante de Vangelis laisse une emprunte indélébile, même quelques jours après avoir vu le film. Voir quelques années en ce qui me concerne…
Il faut dire que le script se paie le luxe de poser des questions philosophiques sur la nature humaine, sur ce qui fait la différence entre l’homme et la machine, et finalement pose une thématique reprise bien des fois depuis (entre autre dans Ghost in the Shell, qui est dans la même veine) : un homme peut il tomber amoureux d’une machine ? Sommes-nous supérieurs à nos créations ? Ont-elles une âme ? Ont-elles le droit de vivre ?
Blade Runner existe aujourd’hui dans cinq (oui cinq !) versions différentes, avec des significations parfois franchement différentes. En effet, alors que la version la plus courante ne laisse aucun doute quand à l’humanité de Deckard, certaines se permettent de poser la question. Deckard ne serait-il pas en fait un Repliquant qui aurait réussi à passer le test Voight-Kampf et ignorerai quelque peu son statut ? Le fait qu’il cherche à tout prix à protéger Rachel ne viendrait-il pas justement de sa nature profonde ?
Alors qu’aujourd’hui on commence à pouvoir créer une peau synthétique très réaliste dans certains labos et que d’autres proposent des modules d’intelligence artificielle ou de synthèse vocale assez innovants… et que l’on se rapproche technologiquement de l’androïde, Blade Runner paraît d’autant plus d’actualité. Pour reprendre une question biblique : Si l’homme joue à Dieu et crée une créature à son image, devient il un Dieu ? Et sa créature est elle humaine ? Question intéressante mais qui demanderait des pages et des pages de digressions philosophiques pour trancher.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre. Blade Runner est sans doute le film de science-fiction le plus puissant et le plus profond qu’aie délivré le cinéma en plus de cent ans. Un joyau brut et une référence incontournable. Si jamais vous n’avez pas eu l’occasion de le voir, courrez acheter le coffret super collector proposant tous les montages disponibles.
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