Magazine Culture

Robert & Joséphine, de Christiane Veschambre (une lecture de Tristan Hordé)

Par Florence Trocmé

Robert & Joséphine, de Christiane Veschambre (une lecture de Tristan Hordé) Sabine Bourgois, ici même, a dit son enthousiasme à la lecture de Robert & Joséphine, concluant sur l'idée qu'il peut toucher un grand nombre de lecteurs. Je reviendrai très brièvement sur le fait que ce petit livre de Christiane Veschambre peut, en effet, être largement reçu.
Ce qui est autour d'un texte n'est pas indifférent. Je lis ce qui précède la page de garde et j'apprends que " Robert & Joséphine est issu d'une commande [...] de la Scène Nationale Évreux Louviers où il sera prochainement mis en scène ". Robert & Joséphine est écrit pour la scène et, pour cette raison, est organisé en séquences très brèves qui donnent des moments de vie, un parcours dans le temps avec des transformations de deux personnages. Quels personnages ? leur aventure commence avant la Seconde Guerre mondiale et s'achève dans les années 1950, puisqu'ils voient Gérard Philippe et Gina Lollobrigida, réunis en 1952 dans Fanfan la Tulipe. Leurs prénoms appartiennent à une époque ; Robert, l'un des prénoms les plus portés en France par les enfants nés autour de 1920, Joséphine alors encore en faveur dans le monde rural, en accord avec l'origine du personnage. La patronne du restaurant qui embauche la jeune paysanne substitue Yvonne à Joséphine, sans doute perçu plus "moderne", mais aussi parce que c'était la règle, pour effacer l'origine et intégrer dans le nouveau milieu.
Quel parcours pour Robert et Joséphine ? Ce n'est pas la vie des héros de feuilleton télévisés qui est rapportée, c'est celle d'une femme de ménage et d'un garçon de restaurant, qui devient ouvrier dans une usine. Un mariage, un enfant avant les cinq ans d'éloignement de Robert pendant la guerre, puis une petite fille, les petites joies du pique-nique, une dispute : la vie ordinaire, sans relief, celle de la plupart des couples, avec les petites fêtes pour un anniversaire, les sorties qui ne coûtent pas cher. Plus qu'à Zola et à L'Assommoir, auquel renvoie Sabine Bourgois, on se trouve dans la lignée d'Henri Calet, ou des films de Carné, c'est-à-dire alors de l'esprit de Prévert : ce n'est plus un petit groupe restreint qui est mis en scène, dont rien de la vie sociale n'est restitué, mais parmi d'autres, exemplaire, un couple sans formation particulière qui travaille, comme il y en avait tant dans les années 1950 quand un ouvrier recevait encore sa paie en espèces. Autre lyrisme en effet.

Sur scène, le texte deviendra voix, sera mis en corps, et sera efficace ;grâce à " tout ce qui est suggéré en quelques mots, tout ce qui n'est pas dit et n'a pas besoin de l'être ", comme le notait justement Sabine Bourgois. On souhaite grand succès à la représentation.

Christiane Veschambre
Robert & Joséphine,
Cheyne, 2008, 15,50€


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines