Salut, les canailles
Il existe une tendance exquise dans la cuisine d’aujourd’hui que l’on a librement baptisé «le canaillou-chic» Rien à voir avec l’insipide porno chic de la pub. Hou non!
Le canaillou-chic, voyez-vous, consiste à intégrer des mets dits canailles, roots et populaires, dans des plats contemporains sévèrement lookés, voire résolument fusionnés.
Le sushi d’andouille de Guéméné aux salicornes, par exemple, c’est canaillou-chic. Le tablier de sapeur en espuma quadrichromique, c’est aussi canaillou-chic. Tout comme le cristal d’oreille de cochon à la fève tonka ou les macarons de ris de veau aux épices polaires.
Estèbe ironise, pensez-vous. Pas vraiment. Parce que c’est rigolo, le canaillou-chic.
D’ailleurs, l’autre jour, on a subitement décidé de rejoindre le club très fermé des créateurs canaillou-chics, avec une inspiration foudroyante et, osons-le, sublime. Soit le millefeuille de boudin au ketchup de coing. Ça vous la cloue, non?
L’un de nos cavistes chéri était attendu pour le déjeuner. On est passé en cuisine pour réaliser cette recette prodigieuse, bien décidé à épater notre hôte.
On a fait sécher des fines tranches de pomme paprikées une grosse heure au four à basse température.
On a mitonné un chutney de coing pimenté et acidulé, avec des graines de fenouil dedans
On a dépiauté le boudin, avant de le trancher en tronçons dodus et de le faire dorer à la poêle.
Après ça, on a monté nos millefeuilles, prodigieux échafaudages canaillou-chics, fruits d’une imagination mirobolante et d’un brio culinaire rare.
Humanité gourmande, retiens ton souffle, Dr Slurp va te galvaniser la papille!
Ben, c’était nul.
Sec, etouffe-bougre, idiot et vain.
Même les photos étaient nazes.
F.B.I., comme dit la génération montante.
Et paf, dans l’ego.
Snif!