LEMONDE.FR | 21.11.08 ©
Pauvre Hamon qui se voyait déjà en haut de l’affiche et se posait donc en «arbitre»… neutre jusqu’à cette nuit : le voilà-t-y pas qui appelle à voter Aubry ce soir ! Certes ambitieux mais pas vraiment malin, «l’afforgnat» - en Solognot : oisillon quittant le nid ou, autrement dit : «béjaune».
Je ne saurais dire ce que lui aura promis Martine Aubry mais je l’inviterais à méditer l’épisode du plat de lentilles d’Esaü (Genèse 25 – 29 à 34) car outre qu’il n’y gagnerait qu’un minuscule strapontin : Aubry aurait beaucoup «d’obligés» à récompenser parmi les «zéléfans» d’une toute autre pointure ! on connaît sa conception de la démocratie interne : si elle était élue ce soir, il est vraisemblable – comme elle en a exprimé le souhait - qu’elle supprimerait le vote interne des militants pour la désignation et du 1er Secrétaire et du : de la candidat(e) à l’élection présidentielle…
Je rappellerais de surcroît à Benoît Hamon comment Martine Aubry traite les «minoritaires» : elle a essayé naguère de clouer le bec de Gérard Filoche – un des animateurs de la «Gauche Socialiste» et inspecteur du travail – quand il exprimait des critiques sur les 35 heures…
En outre, Benoît Hamon m’insupporte grave : je l’ai entendu hier matin aux infos de France Culture… Chacune de ses phrases commence par «Moi, je» ! s’il est quelque chose que je déteste, c’est bien cela. Ego proéminent chez ce blanc bec… ce qui lui promet incontestablement de l’avenir en politique (un Sarko de gauche ?).
Son appel en faveur de Martine Aubry n’y déroge d’ailleurs pas : “MOI, aujourd’hui, J’AI fait le choix en toute transparence de demander aux militants de se reporter massivement sur Martine Aubry”. Au nom de la défense des valeurs de gauche, of course.
Idem pour serrer la main : je sais depuis belle heurette distinguer quelqu’un de franc du collier – à la poignée de main énergique et ferme – d’une «planche pourrie» dont la main ne fait que mollement glisser dans la vôtre…
On dira bien entendu que c’est pour la photo, confère le regard d’Hamon plus préoccupé par l’objectif de l’appareil. Encore ce satané ego, vous dis-je ! Comment pourrait-on le reconnaître s’il se penchait vers Ségolène Royal pour lui faire une vraie bise ?
Martine Aubry n’incarne ni la gauche (pas plus que Delanoë ou Jospin) ni encore moins «le changement» ! Quelqu’un me parlait hier soir de retour de la SFIO ! n’oublions pas que Guy Mollet fut le patron de la puissante fédération du Nord…
Sans aller jusque là, avec Aubry ce serait un retour aux pires pratiques de la «synthèse» politicienne : s’efforcer de ne mécontenter personne en distribuant places et autres colifichets et continuer de ronronner en paix sans être le moins du monde troublé par le malaise social : à distance, les pauvres et le mouvement social. Air trop connu !
Arithmétiquement - et même si je ne parviens toujours pas à être optimiste - rien n’est joué pour le scrutin de ce soir qui devrait être particulièrement serré. Sur le papier, il suffirait en effet d’additionner les voix d’Aubry et Hamon pour que ce soit plié en faveur de Martine Aubry…
Mais uniquement sur le papier. Il restera à savoir comment les adhérents du P.S. se détermineront ce soir. Je me garderais bien de faire quelque pronostic que ce soit.
Hier, je n’aurais pas misé un sou sur le passage en tête de Ségolène Royal tant la coalition des forces contre elle me semblait défavorable.
Pour qu’il y ait un réel espoir de changement, il faudrait qu’un certain nombre des abstentionnistes du premier tour se prononcent en sa faveur ce soir et que certain(e)s de ceux qui avaient adhéré en 2007 mais n’ont pas repris leur carte cette année prennent suffisamment conscience de l’enjeu du scrutin pour venir se mettre à jour de cotisation et voter dans la foulée.