L'histoire
New York. Leonard hésite entre suivre son destin et épouser Sandra,la femme que ses parents lui ont choisi ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, Michelle, belle et volage, dont il est tombé éperdument amoureux. Entre la raison et l'instinct, il va devoir faire le plus difficile des choix...
Mon avis
Attention coup de coeur ! Trois choses me sont immédiatement venues à l'esprit en sortant de la salle : 1) James Gray est définitivement un grand réalisateur, 4 films 4 chef d'œuvres 2) je n'étais pas vraiment convaincu mais cette fois ça y est : Joaquin Phoenix est un grand acteur 3) Two lovers est le mélo de l'année et sans doute l'un des films de l'année. Ce film est à la fois totalement différent des films précédents du réalisateur et étonnement proche. On y retrouve tous ses thèmes de prédilection et une certaine ambiance qui lui est propre. La force du film tient en trois points. Le scénario : l'histoire de personnes tout à fait ordinaires, avec des vies simples et ordinaires, se rencontrent et vivent des choses finalement banales mais qui bouleversent toujours le quotidien. Le coup de foudre, l'amour, le désir, la passion. Ça peut arriver à n'importe qui a n'importe quel moment. Les personnages sont magnifiquement dépeints avec une sensibilité à fleur de peau, on les comprend, on les aime, on vit et souffre avec eux. Ce qui nous amène au deuxième point : la mise en scène. Elle fait de cette histoire un grand mélo, mais dans le sens noble du terme. Pas de pathos, pas de dégoulinage de guimauve, juste la passion brute, forte, immédiate, fiévreuse, incontrôlable, qui détruit et emporte tout sur son passage. Gray nous bouscule d'entrée, dès la première scène, on ne connait pas Leonard mais dès les premières images il nous touche. L'émotion arrive donc rapidement et ne nous lâche plus jusqu'à la fin. Il arrive à ce que cette émotion soit toujours limite, mais elle gonfle, gonfle, grandit et atteint le paroxysme dans une fin terrible qui m'a personnellement noyé dans un torrent de larmes ! Une mise en scène magnifique, fluide, flamboyante qui filme ces histoires d'amour comme une tragédie grecque. Un grand tour de force. Le dernier point qui parachève le tableau est bien sur l'interprétation. Plus encore que dans La nuit nous appartient ou dans Walk the line Joaquin Phoenix fait étalage de tout son talent et prend définitivement ses galons de grand acteur américain. Une carrière à la De Niro ou Pacino se dessine sans aucun doute. En tout cas c'est bien parti. Il est tout simplement parfait, rien à rajouter. L'Oscar lui tend les bras. Trois autres plaisirs d'acteurs : Isabella Rossellini, toujours trop rare, étonnante et parfaite dans le rôle de la mère. Elias Koteas, acteur fétiche de Atom Egoyan et vu dans les cultes Crash et La ligne rouge, ici dans un petit rôle. Et j'ai personnellement découvert ici Vinessa Shaw, elle est parfaite de discrétion et de retenue, un très beau rôle. Quant à Gwyneth Paltrow voilà une actrice qui reste un mystère à mes yeux. Une actrice quelconque, largement surestimée, pourtant déjà couronnée par un Oscar (faute de concurrence ?) pour le moyen Shakespeare in love et sans aucun grand film à sa filmographie, quelques bons films mais rien de plus. Ici sa performance me laisse perplexe. Belle interprétation ou prestation faible et froide comme je l'ai lu quelque part ? Je pencherai plutôt pour la seconde hypothèse. A moins que le metteur en scène l'ai voulu comme ça...Mais cela ne gâche en rien à la beauté de l'ensemble.
En résumé : une mise en scène magistrale, forte, dense, simple, crépusculaire. Une technique irréprochable, tout comme le casting. Pour une histoire où la tragédie, l'intensité et la noirceur se dispute la palme de l'émotion. Un film simple, sombre, bouillonnant, passionnant, poignant, émouvant. Un chef d'œuvre. Peut être le plus beau et le plus surprenant de l'année. A mille lieux de toutes les niaiseries du genre que nous pondent trop régulièrement les américains. Ces Two lovers nous réconcilie avec les films d'amour tragique, grands mélos et tout simplement les grands films. A voir d'urgence, vous n'en ressortirez pas indemnes...
Filmo James Gray
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