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Au lieu de mes habituels articles de peu d’importance, je vous propose un article du Monde que j’ai trouvé très intéressant. Nous nous sommes tous intéressés à l’élection présidentielle aux USA , pourquoi ne pas continuer en nous penchant sur le problème passé de l’esclavage ? Lisez cet article.
Article du journal Le Monde - Corinne Lesnes - 13 11 08 :La Maison Blanche, que Barack Obama a visitée cette semaine, a été construite par des esclaves. Sur les chaînes de télévision, l’information a été livrée aux téléspectateurs avec une certaine désinvolture, comme si tout le monde le savait. Comme si la contribution des esclaves à la construction du pays n’avait jamais fait l’objet d’une reconnaissance historique, d’excuses nationales, ne parlons pas de réparations. Le Capitole, où Barack Obama prêtera serment le 20 janvier, a lui aussi été construit par des esclaves. Pas de publicité, là non plus. En 2005, il a fallu que les élus du black caucus se mobilisent et demandent un rapport pour que le travail des Noirs dans ce qui est désigné depuis deux siècles comme “le temple de la liberté” soit établi officiellement. L’architecte du Congrès a retrouvé quelques noms, des reçus : “Cinq dollars pour la location du nègre Jack”… Le 2 décembre, le nouveau centre des visiteurs du Capitole, un immense ouvrage souterrain, va être inauguré. A la suite d’une résolution présentée - entre autres - par Barack Obama, le grand hall a été baptisé Emancipation Hall, en souvenir de la proclamation de Lincoln abolissant l’esclavage, le 1er janvier 1863. Ce jour-là, les Noirs sont restés suspendus aux nouvelles, dans tout le pays, incapables de croire à ce qui leur arrivait, tout comme le 4 novembre 2008, le soir de l’élection du 44e président. L’Histoire ressort. L’Histoire, longtemps refoulée. En ce sens-là, aussi, c’est une élection historique. A Philadelphie, à quelques centaines de mètres du Centre national de la Constitution, où Barack Obama a tenu en mars son discours sur les relations raciales, des excavations ont mis au jour à l’été 2007 un passage discret que George Washington utilisait pour faire entrer et sortir tous les six mois ses esclaves (Philadelphie, terre de Quakers, accordait la liberté à ceux qui y restaient plus de six mois). A sa mort, le premier président, qui était très soucieux de son empreinte dans l’Histoire, a libéré ses 124 esclaves. Et il a rendu sa décision publique pour que ses ayants droit ne soient pas tentés de passer outre. Parmi les Fondateurs, un seul n’a jamais eu d’esclaves : John Adams, le deuxième président, un avocat du Massachusetts. Un seul, Alexander Hamilton, le “père” du capitalisme américain, un “immigré” de la Caraïbe, a laissé le souvenir d’un homme sans préjugés racistes. Thomas Jefferson était le plus tortueux. Il entretenait plus d’une centaine d’esclaves sur sa plantation de Monticello, mais il avait organisé le domaine de sorte que les visiteurs les voient à peine. Le sujet le tourmentait beaucoup. Il estimait que les esclaves pouvaient être autorisés à lire mais pas à écrire, ce qui pourrait les aider à se faire de faux papiers. Jefferson était l’auteur des mots définitifs de la Déclaration d’indépendance sur l’égalité de tous les hommes. Mais il ne croyait pas à l’intégration. Il pensait que les Blancs ne perdraient jamais leurs préjugés et que les Noirs ne pardonneraient jamais les traitements qui leur avaient été infligés. Pour éviter un bain de sang, il préconisait la ségrégation ou, mieux, le retour des esclaves dans leurs contrées d’origine. Avec sa précision habituelle, il avait calculé le nombre de bateaux qui seraient nécessaires pour organiser tous ces “rapatriements”. Il en faudrait au moins cinquante, pensait-il, pour les enfants d’esclaves nés chaque année. Barack Obama parle souvent d’une union “plus parfaite”, selon le terme inscrit dans la Constitution. Il s’inscrit dans la lignée de ceux qui pensent que les Fondateurs auraient voulu interdire l’esclavage mais auraient préféré y renoncé devant l’hostilité de leurs contemporains et le risque de sécession (La Caroline du Sud menaçait de quitter l’Union si l’Etat fédéral se mêlait de réglementer la traite. Il est vrai qu’elle comptait 60 % d’esclaves). Dans ses écrits, Obama dit aussi comprendre le point de vue de ceux qui pensent au contraire que le compromis fondamental sur lequel est fondée la nation américaine est un “pacte du diable”. La Constitution est ainsi faite que non seulement elle n’a pas interdit l’esclavage, mais elle a incité les Etats du Sud à en posséder davantage. Plus ils comptaient d’esclaves, plus ils obtenaient de sièges de représentants au Congrès (même si les esclaves ne comptaient que pour 3/5e d’habitants). Entre les deux, “il me reste Lincoln”, explique-t-il. Lincoln, le président abolitionniste, l’homme qui n’a pas hésité à faire la guerre, un républicain, dont la lecture l’accompagne pour préparer le discours d’investiture du 20 janvier. Abraham Lincoln, “dont le pragmatisme nous troublerait aujourd’hui”, écrit-il. Le 16e président possède lui aussi son monument à Washington. Dès le lendemain de l’élection de Barack Obama, un “mur” de planches a été installé au pied des marches où Martin Luther King est venu le 28 août 1963 faire son discours sur le “rêve” d’un monde multiracial. Des milliers de personnes y sont passées en quelques jours pour écrire au feutre des messages à l’homme qui s’inscrit déjà dans la lignée des Fondateurs. “Le changement ne sera pas facile mais faisons-le ensemble.” Les plus petits espaces sont recouverts d’encouragements (”I love you !”), de remerciements, de promesses, d’utopies. C’est le message “du monde à Barack Obama”. Corinne Lesnes - Le Monde 13-11-08