Je me souviens encore du jour où, autour de mes 15 ans, j’étais tombé sur une copie de Fallout 2 en promotion dans l’hypermarché local. Après des mois et des mois passés à révasser sur le guide Fallout 2 du booklet de soluces de Joystick, cette belle boite bleue présentant un soldat de l’Enclave semblait providentielle. Depuis le premier test de Fallout 1, lu par hasard encore dans un Joystick, je ressentais une grosse attraction pour l’univers créé par les petits gars de Black Isle. Mais en parallèle, je n’étais pas un gros fan de jeux de rôles PC. Que ce soit Baldur’s Gate ou Might & Magic, mon intérêt avait du mal à s’y fixer pour plus d’une dizaine d’heures. Une bagatelle comparée à la durée de vie des jeux de l’époque. Alors même si ces histoires de radiations, de goules et de vaches à deux têtes étaient complètement séduisantes, je n’avais jamais osé acheter le jeu. Sûrement peur de me désintéresser, une fois encore, et au même moment donc de perdre tous les fantasmes que je m’étais construits autour de cet univers.
Alors pendant des mois j’ai lu et relu ce fichu guide. En particulier, je m’attardais sur la section “armes”. Je ne sais toujours pas vraiment pourquoi ce catalogue de stats, de noms et d’imagettes me captivait vraiment. Je pense que ça devait avoir quelque chose à voir avec la nature encyclopédique de la chose. Quelque part à travers leurs noms, à travers leur design, ces armes racontaient à leur manière une vision du monde de Fallout. Un peu à travers une lentille d’ultra-violence, d’accord, mais elles n’étaient pas là uniquement pour enfoncer du plomb dans les pillards. Quel bonheur d’aller à New Reno, sorte de Mini Vegas contrôlé par des mafieux style Al Capone, et de se balader avec une vieille sulfateuse à rondelle ! Et ce fichu fusil de foire (le BB red …), impossible de trouer un rat avec ça … Entre réalité et fantastique, les noms faisaient rêver : le .223 Pistol était par avance destiné à être mon meilleur ami. Un canon de fusil .223 monté sur un flingue. “Une arme à feu unique, évidemment faite avec amour et talent”. C’est ça la fin du monde ! On fait des assemblages au pif et on espère que ça tiendra. Mais les armes n’étaient pas les seules à avoir le droit de citer dans Fallout. Chaque item, chaque objet, chaque personnage avait quelques phrases d’ambiance associées. J’ai passé tout le jeu avec le doigt collé sur la touche “i” pour activer le curseur d’inspection, tellement c’était bon.
Bon je suis un peu parti dans tous les sens là. Je voulais parler de Fallout 3 à l’origine. Et je sens que si j’en parle après ce que je viens de dire, je suis encore parti pour faire le vieux con qui prêche que c’était mieux avant. Et ça m’embête parce que je l’aime vraiment bien ce petit Fallout 3. Même s’il a perdu un peu de cette attention aux détails par endroits. Il fait un peu moins rêver. Là avec mon Casque de Combat, mon Armure de Cuir, et mon Fusil d’Assaut (Chinois, attention !), je ne fais pas moins de dégâts (quoique), mais c’est pas la même chose qu’avec un Fusil Gauss M72, m’voyez.
On sait que Bethesda aime bien raconter ses histoires à travers de longs pans de textes. Et ils le font très certainement bien, j’avais pris mon pied à lire les livres dans Morrowind. Ici les livres ont été remplacés par des ordinateurs, et on retrouve dans Fallout 3 des terminaux pleins de textes. Et ça c’est juste dommage. Les personnages de Fallout tentent de survivre à un monde post-apocalyptique. Je doute que mon avatar ait réellement envie de faire la lecture en plein milieu d’un bâtiment infesté de super-mutants. Tout ça pour dire qu’un univers, ça peut se construire subtilement, et que Fallout 1 & 2 le faisaient très bien. Alors vous pouvez vous dire que je chipote vraiment, tout ça pour quelques descriptions d’items, et quelques noms communs. Mais oui après-tout, je suis un chieur. Le pire c’est que je suis presque sûr que Black Isle et Bethesda n’y sont quasiment pour rien dans ces disparités. Quand on est limité par la technologie pour le visuel, on compense naturellement par du narratif. En 3D le joueur voit bien que le bâtiment est en ruine, que la vache est mourante, que le gamin est crade. On n’a plus besoin de ce narratif. Mais quand ce narratif est celui d’un Fallout, ça fait une sacrée valeur ajoutée. Il y a pourtant des choses à faire, même en 3D, et Bioshock a montré de très bonnes idées de ce côté.Si y’a des vieux de Fallout dans le coin, je suis le seul à regretter mon petit écran vert de texte en bas à gauche de l’écran ?