Jeudi 20 novembre, à Montrichard, Nicolas Sarkozy a annoncé son plan de relance. En fait, il a juste confirmé la création d’un Fonds Stratégique d’Investissement (FSI), "destiné à renforcer les fonds propres et à stabiliser le capital des entreprises françaises." «Nous souhaitons faire de la crise une opportunité pour le développement, a déclaré le Président. Puisque les banques sont frileuses et n'investissent pas, nous on financera.» «On renforce les moyens dans les entreprises, on renforce les universités, on met de l'argent au service du développement, plutôt que dans des politiques dites sociales qui ne font que retarder le drame (...) La meilleure politique sociale, c'est celle qui permet de continuer à investir dans l'industrie, on met l'économie au service du social.» (source) Sarkozy, le monarque de l'approximation En fait, l'Etat (directement) et la Caisse des Dépôts et Consignations vont devenir actionnaires d'une société anonyme commune, à respectivement 30% et 70%. En d'autres termes, l'Etat sera un actionnaire direct mais sans minorité de blocage (l'Etat n'injecte pas 20 milliards; cette intervention n'a rien à voir avec les besoins de facilités de trésorerie des la majorité des PME et des petis commerces du pays; les entreprises concernées par ce fonds ne sont pas les plus fragilisées par la récession mondiale. Qui paye ? Les 20 milliards apportés au fonds souverain proviennent de deux sources : un apport en numéraire, pour 6 milliards d'euros apportés à part égale par l'Etat et la Caisse des Dépôts (i.e. accroissement de l'endettement public de 3 milliards d'euros); et un apport de titres, celui des participations minoritaires de l'Etat (dans Renault, Air France, France télécom) de l'ensemble des participations stratégiques de la CDC (notamment celle dans Accor, Veolia, la cie des Alpes, Icade). En d'autres termes, si les investissements de ce fonds nécessitent un apport d'argent frais, l'Etat devra sortir du capital des entreprises qu'il juge aujourd'hui non stratégiques pour investir dans ce fonds. Autrement, cette annonce de dotation à hauteur de 20 milliards d'euros est une belle ... fumisterie. Quelle gouvernance ? A la tête de ce fonds souverain richement doté, Nicolas Sarkozy a choisi de placer un trio: un représentant de la Caisse des Dépôts et deux patrons du secteur privé. Patricia Barbizet est une dirigeante connue. En 2002, un magazine international la classait parmi les "businesswomen" les plus puissantes du pays. Elle est présidente du conseil de surveillance du Groupe PPR, directrice générale d’Artemis et présidente du conseil de surveillance de Christie’s. C'est une fidèle de François Pinault depuis plus de 20 ans. Le cas de Jean-François Dehecq, président du Conseil d'administration de Sanofi-Aventis dont il a laissé les rênes de la direction générale en février 2007, en troublera quelques-un(e)s. En 2006, le sieur a été (gentiment) épinglé pour sa belle rémunération, la troisième plus forte du CAC40 (3,4 millions d'euros, en augmentation de 9% sur un an). C'est néanmoins un expert des rachats d'entreprises. On profitera peut-être de sa nomination pour lui demander ce qu'il pense des suppressions de postes dans son propre groupe. La direction de la filiale commerciale du groupe pharmaceutique Sanofi-Aventis en France a annoncé le 2 octobre un "projet de réorganisation" entraînant "la suppression de 927 postes", principalement des visiteurs médicaux. (source) En fait, la question la plus importante est celle de la gouvernance de ce fonds. Qui décide ? Comment l'Etat contrôle-t-il l'investissement de ces fonds ? En fait, les règles sont encore floues. A ce stade, il est prévu que "le FSI sera également assisté d’un comité d’orientation associant les partenaires sociaux, des chefs d’entreprises et des économistes à l’élaboration de ses grands axes stratégiques." Mais le comité d'investissement, qui décide concrètement des prises de participations dans les entreprises concernées reste lui re