Après le déni, les interrogations, le doute puis les craintes, l'angoisse, la peur, la phase de panique, les pertes de repères et enfin les quelques pertes de contrôle observés cet automne, les opérateurs, avec de l'eau jusqu'au coup, commencent maintenant à se noyer par intermittence.
Inutile d'aller chercher très loin, vous connaissez la chose depuis des mois : d errière les nouvelles économiques récentes et une annonce de difficultés croissantes chez les entreprises avec des mesures de licenciement et de plans sociaux qui vont croissant jour après jour ( ), le exemple pour la France sur 2008 tempo donné par les banques reste toujours primordial comme rappelé vendredi dernier.
L'accélération de Wall Street hier soir à la baisse y est à nouveau liée et la rupture du support présenté fin de semaine (indice BKX ci-dessus) a engendré un décrochage qui s'exprime principalement sur Citigroup avec la sensation générale d'être en terrain mouvant alors que le Trésor US a dit changer il y a quelques jours son fusil d'épaule concernant le plan Paulson qui n'ira plus extraire les mauvaises créances des banques mais prendra directement des participations. Nous sommes là également dans "une fin de règne" de l'actuel secrétaire d'Etat au Trésor qui va passer le relais en janvier à la nouvelle administration élue et dont la première tranche de 350 des 700 Milliards $ du plan total arrive à son terme (reste 60 Mds $ grosso modo) et la tranche suivante nécessite pour être débloquer de repasser devant le Congrès. Flottement, flou, la bourse aime le noir ou le blanc mais pas le gris...
Entre un plan pour sauver l'automobile, un plan de relance économique général souhaité par les Démocrates et les modalités précises de ce plan Paulson a mi-chemin, le marché est pris de court par la dégradation sur le terrain et par un manque de visibilité sur les actions qui seront menées réellement. Une chose reste, le regard se tourne vers l'état et les actes vers les obligations qu'ils émettent.
Ce, d'autant que les nouvelles du jour sont de la même veine que précédemment avec des demandes d'emploi en hausse semaine dernière aux USA, un index des indicateurs avancés qui plie de - 0,8 % encore en octobre contre + 0,1 % en septembre et un indice d'activité de la région de Phliadelphie qui tombe à - 39,3 ce mois-ci après - 37,5.
Même constatation que sur les différents indicateurs vus ces derniers temps (mis à part pour les prix à la production) les prix payés (en rose sur le graphe 2) s'effondrent sous le coup de la chute des matières premières, du pétrole et la baisse de la demande.
Le CAC 40 ferme en baisse de - 3,48 % juste sous les 3 000 à 2980,42 points (Pour mémoire : ) alors que les obligations d'état servent de refuge à nouveau avec des taux qui baissent (ci-dessous courbe des taux allemands qui font référence en Europe - en orange les cours de la veille, en vert les cours du jour) mais avec un mouvement qui redevient uniforme compte tenu de la faiblesse des anticipations de croissance et de celles concernant l'inflation (Cf. CAC 40 - Analyse technique : Volatilité historique Marchés obligataires : une double 'trouille'
Les anticipations d'inflation qui ont fortement baissé dernièrement (Cf. Les marchés obligataires ne voient plus d'inflation ) et la recherche de refuge l'emportent largement (flèche verte sur le graphe 4 des taux à 10 ans US) alors que nous avions connu l'inverse lors du krach en octobre, le marché étant soumis alors à des débuts d'interrogations sur la qualité de celles-ci et en relation avec l'endettement supplémentaire que l'état est entrain de prendre à sa charge pour pouvoir assurer les différents sauvetages (flèche rouge)
Les différents articles sur la courbe des taux vous auront montré le nombre important de pressions inverses qui convergent vers les taux pour les faire évoluer. Nous sommes là dans une bataille de plus en plus rude entre anticipation sur le risque de solvabilité des états, la recherche de refuge et les anticipations d'inflation.
Pour aller plus loin et bien comprendre ces interactions, le week-end du 6 et du 7 décembre prochain sera consacré à cette confrontation avec 2 articles :
- "Zone Euro : attraction et éclatement" qui montrera la grande disparité d'évolution entre les taux des différents états qui la compose (comme les abonnés à la newsletter l'ont constaté depuis la fin octobre) et l'attirance des pays en périphérie. Ceci imagera et isolera la composante 'solvabilité' sur les taux.
- "Apprendre et comprendre la finance : comment approcher l'inflation au travers du marché obligataire ?" avec un outil de mesure assez simple qui nous permettra de poursuivre notre approche des obligations indexées sur l'inflation et de calculer précisément les anticipations d'inflation issues du marché obligataire et de les suivre mensuellement avec un lien accessible.
Derrière cette complexité, la crise aura déjà rétablie 2 formes de logique limpide : les taux évoluent à nouveau en fonction de la durée (plus c'est à long terme plus c'est risqué, plus le taux est en rapport). D'autre part, les taux quasi identiques quelle que soit la qualité des entités emprunteuses observés à leur paroxysme en 2006 a volé en éclat avec l'illusion de l'annulation du risque grâce aux nouveaux instruments financiers, à la titrisation et autres couvertures du risque. La crise a remis les choses dans l'ordre : A bonne note de crédit, bon taux. A mauvaise note, mauvais taux.
Pour la suite, les taux à 10 ans US représentatifs de la longue phase de désinflation depuis les années 80 arrivent à un nouveau palier important (graphe 5)
On est entrain de tester le support vert. Le Dow Jones perd - 5,56 % à 7 552,29 points (Citigroup dévisse de - 26,98 % et JpMorgan de - 17,88 %)