Le Vaisseau Amiral de la musique électronique Française, le label F Communications, vient d’informer ses fidèles qu’il rentrait au port après 14 ans d’explorations diverses dans le paysage de l’électro internationale.
J’avais 16 ans en 1994 lorsque Eric Morand, alors D.A de Fnac Music | Dance Division, fonde avec Laurent Garnier (besoin encore de le présenter ?) FCOM, LE 1er label électronique français. Au cours de 14 années passionnées, qui nous firent découvrir outre les opus de Laurent, des artistes tel que Alexkid, Jori Hulkkonen, ou encore Mr Oizo, FCOM s’est marqué par deux axes qui le définirent jusqu’à cette “mise en arrêt” : l’esprit de découverte et l’absence de concessions. Plus de détails après le jump.
Ici, le communiqué de FCOM :
F Communiqué
Lors de la célébration de son 7éme anniversaire, le logo de F Communications s’était transformé en un arbre bourgeonnant avec de multiples rameaux et bourgeons.
En avance sur son époque, le label avait exploré la diversité des musiques électroniques et aussi une vision ouverte (360° avant l’heure) du rôle d’un label.
7 ans plus tard le label a perdu des feuilles. L’automne est arrivé progressivement. Le label est entré dans un lent engourdissement après avoir poussé pendant 14 ans et écrit les premières pages de l’histoire des labels électro en France. L’arbre qui doit affronter l’hiver laisse tomber ses feuilles et les branches mortes. L’arbre, lui-même, n’est pas mort. La sève est toujours dans son tronc et dans les branches les plus fortes. Un redoux, les rayons du soleil, une nouvelle vigueur et on pourrait voir de nouveaux bourgeons.Cette précision nous la devons à tous les fans du label, qui sans répit nous ont témoigné de leur soutien, notamment ces derniers mois. Pour l’instant, nous n’avons pas de nouvelles sorties prévues sur F Communications. Nous veillons sur l’arbre et sur son intégrité. Nous nous assurons que le large catalogue du label reste disponible tant dans les magasins que en ligne.
La décision de cet hivernage a été prise par Eric Morand. « Après 15 ans à la tête de Fcom et 18 ans en tant que producteur, je pense avoir fait ce que j’avais à faire. Ces dernières années je me suis ouvert à d’autres univers. Je savoure un autre regard sur la musique et ses enjeux. La musique est et reste une composante incontournable de mon quotidien ; Mais plus la seule. Le rôle de producteur ou de directeur artistique d’un label est devenu trop étroit, trop contraignant pour moi. A plus de 40 ans mon attente est forcement différente de celle que j’avais à 20. » « Je reste aux côtés de Laurent Garnier car travailler avec lui est un renouvellement permanent et amène l’excitation de nouveaux défis.»
« Laurent et moi n’avons jamais été des nostalgiques. Nous sommes fiers de ce qui a été. Nous pouvons dire ce qui est, aujourd’hui. Demain reste à inventer. »
Nous sommes fiers de ce que les artistes du label ont fait depuis 1994, depuis 1991 avec FNAC Music. Nous avons, tous ensembles, donné un espoir à tous les passionnés de musique. Depuis d’autres passionnés font partager leurs coups de cour.
C’est bien.
Pour la musique, pour qu’elle reste une passion. Et le plaisir que nous y trouvons tous.Merci.
Le Navire avait déjà réduit ses voilures en 2006 avec la séparation de beaucoup de salariés.
J’étais à l’époque animateur programmateur du podcast Bazoocast!, et avais pu par le biais d’une interview avec Eric Morant apprécier le réalisme et l’oeil acéré de ce dernier sur la situation du disque actuelle et l’avenir probable de FCOM.
Vous trouverez l’interview dans cette archive (allez directement à 38:00, vous n’êtes pas obligés d’écouter mes zouaveries du début, mais si vous le faites, les artistes mentionnés sont précisés sur le post original de l’émission). A la suite une autre partie de l’interview.
Malgré les tentatives de diversifications de l’entreprise, notamment dans le sound design (on se souvient de celui de l’Hi Hôtel à Nice), les trous dans la coque et l’état de l’océan-marché ne permettent plus au vaisseau de continuer ses explorations.
Cependant, et jusqu’à décision du contraire, tout le catalogue de FCOM reste encore en vente sur leur site shop
Bonne continuation aux deux marins, dont Laurent Garnier qui vient de sortir son dernier album, Back to My Roots, sur un label allemand (”pourquoi pas nous” en parlent et vous le font découvrir).
On applaudit le travail passé de FCOM, l’absence de rancoeur, de fatalisme ou d’aigreur pour les deux aventuriers qui n’en resteront pas là.
Et on cite cette interview par Sancho et ce mot pas final et prémonitoire (nous sommes en 2003) d’Eric Morant :
« Si tout doit s’arrêter, au moins, nous n’aurons pas de regrets ; nous aurons été intègres jusqu’au bout et nous ne sommes pas prêts de changer sur ce point. »
Dance 2 the music…