La critique
Une comédie farfelue et pleine de liberté
Jean-Arthur Bonaventure (Pierre Richard) est un homme fantasque qui a le chic pour se fourrer dans des situations délicates. Pour exemple : las de sa copine qui lui fait des crises de jalousie, il s’invente une maitresse qui s’appellerait Lisette. Et voilà que quelques jours plus tard il couche vraiment avec une Lisette et se met définitivement à dos sa compagne. Jean-Arthur travaille avec son ami « Gros Nono » dans une agence de voyages. Lors d’une soirée, ils ont une idée qu’il pense être de génie. Leurs clients se plaignent souvent des forfaits proposés, laissant peu de place à l’improvisation. Jean-Arthur et Gros Nono vont alors créer la formule « 3000F rien compris ». C’est simple : les gens paient et ils se retrouvent à jouer les Robinsons Crusoé sur une île déserte. L’idée, proposée à la direction générale de l’agence, finit par prendre forme et les deux collègues sont invités à aller aux Caräibes pour des repérages. Mais Gros Nono , sur le point de se fiancer, ne souhaite pas quitter la capitale. Il envoie alors avec Jean-Arthur son frère, « Petit Nono » (Jacques Villeret). Ce nouveau duo va peiner à mettre en place leur système et , comble de la malchance, vont se retrouver avec les premiers clients de leur formule très rapidement. Pas du tout organisés, Jean-Arthur et Petit Nono vont faire vivre à leurs touristes des mésaventures particulièrement pénibles…
Avec Les naufragés de l’île de la tortue, Jacques Rozier signe une comédie pure et dure, se reposant beaucoup sur le charme de son duo d’acteurs : Pierre Richard et Jacques Villeret. Assez méconnu mais très apprécié des cinéphiles qui l’ont un jour découvert, ce film a pour qualité principale (une qualité par ailleurs récurrente dans les œuvres du cinéaste) sa liberté. Authenticité des plans, jeux archi naturels des acteurs, sensation de perpétuelle improvisation : ce long métrage sent bon l’aventure. Nous nous amusons des innombrables galères que rencontrent les « vacanciers » et des facéties des organisateurs. Nous profitons aussi bien sûr des beaux paysages. Film de vacances catastrophes, Les naufragés de l’île de la tortue évoque déjà en 1976, le besoin de la population de se ressourcer, de partir loin de la ville et de la modernité, pour revenir à la simplicité et au naturel. Mais si le cinéma de Jacques Rozier est bel et bien franc et authentique, ses personnages sont ici placés face à leurs paradoxes. Ils paient 3000 francs pour galérer sur une île, l’idée de l’aventure les tente mais une fois arrivés, ils regrettent vite que rien ne soit encadré et le manque de confort. Et progressivement, l’affaire tourne joyeusement au grand n’importe quoi. Qu’on se le dise : on ne devient pas Robinson Crusoé juste en sortant quelques billets. Souvent drôle et tendre, voilà une comédie rafraichissante et qui déborde de charme. De quoi passer outre une durée de métrage assez excessive pour le genre (2h20).
Coffret Jacques Rozier, actuellement disponible à la vente