Si le nom de ce morceau ne vous dit rien, sa mélodie, reprise maintes fois, ne vous est certainement pas étrangère. Une version “modernisée”, lisse et pour tout dire assez mauvaise, circule d’ailleurs depuis cet été. Elle émane des mystérieux Keedz, derrière lesquels certains croient reconnaître Justice. On les comprend tant il est vrai que la basse ressemble à celle de D.A.N.C.E., morceau lui-même fortement influencé par les Joubert Singers. Cependant, sans être un grand fan des justiciers parisiens, je doute fort qu’ils aient pu produire une telle merde. Quoi qu’il en soit, la meilleure version reste celle de Larry Levan (en 1985), qui garde toute l’énergie du piano et de la chorale d’enfants et opère un lifting parfait, supprimant d'inutiles guitares, gonflant la basse et ménageant le suspense en accumulant les breaks. Comme souvent, Larry fait tout simplement mieux que l’original.
L’original, justement, date de 1982 et son histoire mérite d’être relatée. "Save on the Word" aurait facilement pu rester au placard. Enregistrée dans une église baptiste de Crown Heights, à New York, elle n’est en effet destinée, à l'origine, qu’à la seule congrégation. C’est le DJ Walter Gibbons, alors très versé dans la foi chrétienne et le gospel, qui la popularisera en jouant sa copie au Rock & Soul Shop de la 7ème avenue. Dès lors, le morceau ne quittera pas les meilleurs DJ bags de l’époque et on l’entendra dans tous les grands clubs, au Loft, au Zanzibar et bien sûr au Paradise Garage, la maison de Larry.
N’oublions pas les deux autres titres de l’EP et surtout “Like Some Dream (I can’t stop dreaming)” de Daniel Wang, ancien patron de Balihu Records et pensionnaire d’Environ, le label de Morgan Geist. Tiré d’un EP sorti en 1993, c'est un mix brillant d’italo-disco et de house agrémenté d'une drôle de voix féminine. Enfin, le troisième titre, qui n’a strictement aucun lien avec les autres - sauf le fait d’avoir été joué à l’Electric Chair, est le rarissime instrumental de “Black Men United”, du groupe électro/hip-hop/rave Shut up and dance. Une sorte de breakbeat oppressant qui plaira sans doute aux amateurs de dubstep.
En bref : Une très bonne occasion d’acquérir une version vinyle du légendaire “Stand on the Word” revu et corrigé par Larry Levan. Avec en prime, un vieux track de disco cosmique de Daniel Wang, et une rareté électro/hip-hop.
Leur Myspace
Leur site
Le site du label Tirk
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The Joubert Singers - Stand On The Word (Larry Levan Mix)