L'EXPRESS n'est pas suspect d'anti-sarkozysme primaire. Tout au plus vogue-t-il avec le vent ou se fait-il l'écho, parfois, de la pensée présidentielle. Jeudi 13 novembre, Rachida Dati en faisait la couverture dans des termes peu avenants : "Dati, les raisons d'une disgrâce."
Le modèle
Nous l'avons moultes fois écrit sur ce blog: Rachida Dati est d'abord la voix de son maître : agressivité, bling-bling et agitation. Elle exécute des promesses présidentielles (loi anti-récidive, peines planchers, justice des mineurs, etc). Il y a un an, l'EXPRESS déjà dressait des couronnes de lauriers à la "mystérieuse" ministre à la réussite "balzacienne", sans oser en dévoiler trop sur les raisons de sa promotion fulgurante.
"En propulsant Place Vendôme cette jeune femme frêle et séduisante, ni élue ni énarque, Sarkozy joue le velours de l'opinion contre la bure des préjugés. Rachida: le prénom claque comme une promesse d'avenir pour les enfants d'immigrés. Dati: le nom symbolise une France enfin égalitaire. Du jour au lendemain, la ministre, forte d'une belle cote de popularité, est devenue une héroïne républicaine et glamour."
La curéeDepuis quelque mois, les attaques se multiplient contre la Garde des Sceaux, un an après un enthousiasme initial tout aussi excessif. Mercredi, on apprenait que 534 magistrats avaient signé une pétition contre la ministre. Le texte est révélateur du divorce ("pour faute" ?). Les signataires demandent des excuses à la ministre.
La ministre a réagi dans les colonnes du Figaro : "J'avoue ne pas comprendre la teneur de cette motion". Et d'ajouter: «Notre politique a été demandée par les Français». Ses réponses veulent évacuer, évidemment, la dimension personnelle du conflit. Si la politique mise en oeuvre depuis mai 2007 heurte une partie de la profession, Rachida Dati se voit également (et surtout) reprocher son incompétence, son autoritarisme, et son goût prononcé pour le "bling bling" présidentiel. Son absence totale de solidarité avec la profession et ses difficultés est troublant. Ses maladresses également. Le 16 octobre dernier, elle inventait un cas de mineur récidiviste pour étayer ses propos sur France 2 dans l'émission A VOUS DE JUGER qui lui était spécialement consacrée.
Le dernier scandaleL'affaire de Metz a été la goutte d'eau qui fit déborder la vindicte judiciaire.
Sur une pleine page, les magistrats exposent leurs doléances : ils stigmatisent les «injonctions paradoxales» d'une politique qui, expliquent-ils, développe les peines planchers - poussant ainsi les récidivistes en prison - tout en demandant des aménagements de peine.
Ou encore une garde des Sceaux qui «souhaite une plus grande fermeté pour les mineurs», mais jette l'opprobre, selon eux, sur les magistrats après le suicide d'un jeune détenu.
Depuis plusieurs semaines, «l'affaire de Metz» nourrit l'amertume du corps. À la suite du décès du mineur, Rachida Dati diligente une inspection sur place. Le lendemain matin, elle se rend elle-même sur les lieux. Les conditions de cette inspection - les acteurs ont été interrogés jusque tard dans la nuit - ont donné aux magistrats le sentiment de servir de boucs émissaires. Une polémique est également née autour de l'attitude de Rachida Dati elle-même, qui aurait critiqué l'action du parquet - une version fortement démentie par la Chancellerie. L'événement fait déjà partie d'une liste de griefs que les syndicats de la magistrature ont demandé à l'instance suprême, le Conseil supérieur de la magistrature, d'arbitrer. Les sages ont d'ailleurs décidé d'enquêter sur ce sujet, mais l'inspecteur général ne s'est pas rendu à leur première invitation - et n'acceptera pas d'être auditionné par eux (source).
Nicolas Sarkozy sera-t-il encore patient ?&alt;=rss