Reggie Dokes, je vous en ai parlé il y a deux jours à peine à propos de la compilation Prime Numbers. Etonnamment, je ne l’ai véritablement découvert qu’à cette occasion. Tout juste l’avais-je croisé sur une autre compil, Detroit Beatdown Vol. 2, où il posait un track correct sans être marquant. Pourtant, le natif de Detroit, exilé à Atlanta, est actif depuis le milieu des 90’s et a déjà signé 4 LP et une poignée de maxis, dans une veine proche des (également sous-estimés) Rick Wade ou Mike Huckaby. Il dirige même son propre label, Psychostasia, essentiellement consacré à ses propres sorties, mais qui bénéficie d’une distribution quasi nulle en France. Mieux vaut tard que jamais, donc.
Par un heureux hasard, il se trouve qu’au moment précis où je commence à m’intéresser à ses travaux, le bonhomme sort un EP sur Philpot, label ainsi baptisé en hommage à Larry Levan (dont c’est le véritable patronyme) et propriété de l’excellent producteur allemand Jackmate (AKA Soulphiction). Intitulé Rain Redemptive Love, c’est une bonne introduction au travail de Dokes, qui livre une deep-house sensible, à échelle humaine, personnelle sans être révolutionnaire, maîtrisée sans manquer d’être bancale. En face B, le downtempo “Black Children of the Ghetto”, clin d’oeil à la blaxploitation, déroule son clavier Rhodes sur un lit de percus africaines du plus bel effet. Un peu linéaire, c’est un bon morceau d’ambiance, à écouter d’un coin d’oreille en faisant la vaisselle.
La première face regroupe deux plages aux rythmiques plus marquées, mais qui restent davantage destinées à une écoute de salon qu’au déchaînement sur un dancefloor - ou alors tard, très tard, lorsque toute inhibition s’est évanouie. “Love” et “Rain on me”, emmenés par un piano jazzy et d’amples nappes, séduisent grâce au côté un peu brut de la production, qui leur confère un effet live touchant, assez proche de ce que peut faire Cobblestone Jazz - en moins sophistiqué. Il vous faudra sans doute quelques écoutes pour vous accoutumer au son quelque peu agressif des violons de “Love”, dont le mixage me paraît approximatif. Aucun problème en revanche pour entrer dans “Rain on me”, ma préférée, introduite par une unique phrase de saxophone et qui confronte un solo de synthé cheap à un véritable mur de cordes. De belles trouvailles, donc, pour un EP inégal mais attachant.
En bref : L’un des producteurs house les plus doués de Detroit habite à Atlanta. Il s’appelle Reggie Dokes et travaille à l’ancienne, comme un artisan. Et si cet EP n’est pas ce qu’il a fait de mieux, il donne une bonne idée de son énorme potentiel. A suivre.
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