THE TIME OF OUR SINGING
( LE TEMPS OÙ NOUS CHANTIONS )
"Purée (pour rester polie) enfin débarrassée!" je me suis exclamée quand je suis arrivée au bout des 630 pages avec un grand grand soulagement.
Alléchée par la présentation qu'un ami m'en avait faite (et alors le comble c'est que j'ai appris en cours de lecture qu'il ne l'avait même pas lu!!! - le livre est dans sa PAL et il en a juste lu quelques passages en le feuilletant), voilà que depuis février par là, je me mets en tête qu'il faut a-bso-lu-ment que je me dégote ce roman! Des centaines de commentaires sur le net, classant ce livre dans la catégorie "ma-gis-tral! tralala", me convainquent de le mettre au top 1 de ma PAL...
Je m'y attèle donc, trèèèèès motivée, et là, au fur et à mesure que je lis, j'ai comme un mauvais pressentiment. Page 120, toujours pas transportée. Qu'est-ce qui se passe? Ai-je l'entendement obtu, la sensibilité atrophiée? Je continue, soupir après soupir, en me disant que le meilleur est certainement à venir, que je dois passer à côté de quelque chose, mais page 206, je commence à lire les lignes en pensant carrément à autre chose, et même à ne plus avoir envie de poursuivre ma lecture. Mais 273 pages englouties (malgré tout), je ne pouvais pas m'arrêter en si bon chemin (des principes stupides, je sais je sais), j'entrapercevais le bout du tunnel pas loin, à 357 pages de lecture. C'est faisable, persévérons, sachons au moins pourquoi je n'accroche pas, et sait-on jamais, peut-être que, miraculeusement, vers la fin...
Et voilà, j'ai terminé le roman (à force de lecture en zigzag, j'avoue), et bien, franchement, plutôt déçue par cette oeuvre encensée par ailleurs. Je dirais même, ce livre m'a profondément, non pas ennuyée, mais plutôt exaspérée.
Mon analyse du pourquoi du comment ça ne m'a pas emballée plus que ça:
Il y avait tous les ingrédients pour me plaire, le sujet me parlait vraiment: l'histoire c'est celle de trois enfants nés d'un couple mixte, un physiciste juif allemand récemment émigré aux Etats-Unis et une noire-américaine. Nous sommes en 1939, les mariages mixtes sont très mal vus (et c'est peu dire), le métissage des races ne garantit aucunement l'intégration à une société majoritairement blanche, s'annonce donc toute une série de difficultés pour cette famille dans le contexte social de l'époque - l'occasion pour l'auteur de traverser l'histoire des Etats-Unis sur les questions raciales jusque dans les années 80. Parallèlement, se cimente autour de ce contexte particulier, la musique, grande passion de cette famille.
Voilà de quoi faire un cocktail explosif mêlant quête d'identité, conflits raciaux, générationnels et fraternels, sur fond musical intensif.
Richard Powers s'est lancé là dans une entreprise pleine de risques et de défis, et pour cela, je dis bravo, mais voilà, bizarrement, pour moi, la mayonnaise n'a pas prise. Pourquoi?
Mon sentiment c'est que l'auteur s'est attaché à mettre en avant des thèmes de réflexions aux dépens de ses personnages. Au lieu de les voir évoluer naturellement et nourrir l'histoire de ce roman, j'avais l'impression qu'ils étaient juste un récipient dont s'est servi l'auteur pour véhiculer des idées. Du coup, on ne s'attache pas aux personnages car ils manquent d'épaisseur, de vie... On ne sent pas le vécu derrière tout ça. Chaque personnage se cantonne parfaitement au rôle très simple que leur attribue l'auteur, ils sont du coup prévisibles, assez clichés, enfin bref ils ne m'ont pas convaincue... Difficile d'être transportée par une histoire quand on ne s'attache pas aux personnages.
Par ailleurs, j'ai trouvé ça dommage de partir de tant d'éléments plutôt originaux pour finalement aboutir sur du cliché. Ce que j'entends par cliché, c'est que ce n'est pas que c'est faux, c'est qu'on n'apprend rien de neuf. On s'attend un peu à tout, il n'y a pas vraiment de surprises, et ce, tout au long de l'histoire.
En clair, j'en attendais plus de ce roman sur le plan du contenu.
Concernant le style, ouiouioui il y a des passages sublimes, mais au bout d'un moment ça lasse parce que c'est toujours construit sur le même mode, à en devenir monotone.
On est beaucoup dans la nostalgie aussi, les regrets, l'introspection... Si c'était un film ce serait certainement coté dans la section "drame psychologique", il faut donc être très disposé pour aborder ce livre.
J'ai vécu cette lecture comme une symphonie trop longue qu'on écoute jusqu'au bout parce que ce n'est pas poli de quitter la salle... Symphonie pas forcément totalement déplaisante par ailleurs, mais pas assez entraînante pour me transporter.
Mais voilà, toute symphonie a ses adeptes, et tant mieux, je dois de toute façon faire partie des 5% qui n'ont pas été envoûtés par ce roman. Il faut peut-être être doté d'une certaine sensibilité que je n'ai pas, je ne sais pas, une chose de sûre, il faut être très disponible pour rentrer dans ce roman. :)
Commenté avec plus d'enthousiasme par Cuné, Karine:) , et plein d'autres sur le net. On peut tout aussi se fier à ces avis, tous les goûts sont dans la nature. :)