l’énigme de la libération de la prostituée marseillaise

Publié le 20 novembre 2008 par Chictype

Une question lancinante turlupine Jacques Dallest, procureur de la république de Marseille, et Roland Gauze, le patron régional de la police judiciaire, depuis l’arrestation de Patrick Salameh, 51 ans, dans des circonstances étranges, rue des Abeilles, à proximité de la Canebière, il y a tout juste une semaine à Marseille : pourquoi la jeune prostituée marocaine, Soumia, vient-elle se plaindre à la police des agissements de Salameh le 11 novembre seulement, alors que son bourreau l’aurait ligotée, frappée et violée durant six heures à son domicile de Saint-Mitre à Marseille au début du mois d’octobre ? Seconde question énigmatique : pourquoi Patrick Salameh, le braqueur Fréjusien, membre du gang de Francis Le Belge et de Jacques Imbert à Marseille, connu pour des « saucissonnages » ultra-violents dans plusieurs villes varoises, a-t-il tranquillement laissé repartir sa victime et l’a même raccompagnée chez elle en lui donnant de l’argent alors qu’on le soupçonne d’avoir tué et dissimulé les corps de trois autres prostituées d’origine étrangère dont on sait, avec certitude, grâce aux traces ADN et aux effets personnels qu’elles ont laissé dans l’appartement de Salamey, qu’au moins deux d’entre elles ont « cohabité » plusieurs heures avec Salameh avant de disparaître ?

Pour Roland Gauze, c’est parce que Soumia a eu la présence d’esprit de « surjouer » et de se soumettre avec un plaisir simulé aux caprices sexuels de son tortionnaire qu’elle a eu la vie sauve. Mais on peut imaginer aussi que Soumia soit la première prostituée à traverser cette cruelle épreuve chez Salameh, début octobre, « juste après le ramadan », et que le suspect ne soit pas encore passé à l’acte fatal. C’est en effet au cours de la nuit du 5 au 6 octobre que la première disparition, celle d’Irina, a été signalée. Ce scénario semble plus logique que celui d’une prostituée libérée alors qu’on vient déjà d’en tuer une ou deux autres et que l’on sait pertinemment qu’elle va vous dénoncer.

La seconde énigme concerne les circonstances rocambolesques de l’arrestation à Marseille. Par quel curieux hasard, un témoin reconnaît-il sur le champ Salameh et l’identifie comme un individu hypernocif ? Là aussi, il faut bien comprendre que les policiers sont sur ses traces grâce aux écoutes téléphoniques et aux « puces » des téléphones des trois prostituées que Salameh utilisait chaque jour dans des portables qu’il empruntait à ses relations, sans doute pour donner à penser que les malheureuses étaient toujours vivantes et qu’elles passaient des coups de fil tous les jours.

Sauf que la police a eu tôt fait de comprendre la mise en scène, en interpellant les vrais propriétaires de ces portables à leur domicile. Et ils leur ont clairement mis le marché en mains : ou bien vous dénoncez Salameh dès que vous l’apercevez sur ses lieux de perdition, ou bien on vous colle une mise en examen pour complicité d’assassinats et vous prenez perpète… Le « conseil » a si bien marché que, dès le surlendemain, le piège a fonctionné.

Hier le procureur de la République a promis des « moyens d’investigations lourds » destinés à sonder tous les terrains et immeubles où le suspect aurait pu dissimuler les corps. Mais l’histoire retiendra que c’est un ami de Salameh, soucieux de sa liberté, qui a « balancé » son copain sans le moindre scrupule…

Varmatin