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Samedi 15 novembre 2008. 21h15. E. et moi-même débarquons à L’Autre Canal, un peu en retard. Ouais, on s’en fou, la première partie, c’est Ripklaw, du rap nancéen tout crasseux. Nous, c’est Gza/Genius du Wu-Tang Clan qu’on est venu voir en concert. Personnellement je suis un peu tout fou, faut dire que c’est pas tous les jours qu’on a le droit à un artiste hiphop d’outre-Atlantique en chaire en os dans une de nos salles locales, de surcroît un artiste de ce calibre…
21h17. Comme deux gros c*ns, on se retrouve face à une vieille affiche bien rageuse. Ouais, une feuille blanche gros format sur laquelle on pouvait lire que Gza ne serait pas là ce soir. Le temps de bien comprendre qu’on était venu pour rien (heureusement j’habite à côté et je n’ai pas fait 100 bornes ^^), on capte une conversation ; problème de correspondance, de visas, de train… Peut être les trois à la fois. Enfin, Gza viendra demain, dimanche, à 19h. C’est le principal, pourquoi il n’est pas là aujourd’hui, au fond, on s’en branle.
Dimanche 16 novembre 2008. 19h10. Rebelote, nous voilà devant la salle de concert. Nan, pas de suspense, Gza est bien là, paraîtrait même qu’il sera accompagné sur scène par Killah Priest (ex Sunz of Man). Bonne nouvelle. La mauvaise, c’est que Ripklaw revient faire sa première partie. Tampis, on va se boire quelques bières au bar en attendant.
??h?? Je ne sais plus trop à quelle heure on s’est dirigé vers la salle. La seconde première partie était sur le point de se terminer. On a donc loupé les Giant Panda, un groupe hiphop californien dans la même veine que les P.U.T.S (Peoples Under The Stairs), rien à voir avec le Giza, mais assez sympa pour avoir écouté vite fait leurs 2 albums dédicacés que je me suis payé en sortant.
Enfin, venons en enfin aux choses sérieuses. On se place tout devant. On patiente un peu. Soudain, l’intro de « Liquid Swords » se fait entendre. Oui, disons le tout de suite, le Genius n’est pas venu défendre son dernier opus (« Protools ») mais nous faire revivre son second sorti la décennie passée, entièrement produit par son cousin Rza, leader du Wu. L'ambiance est donc glauque, pesante, les beats résonnent, les grosses caisses frappent les tympans, les basses sont grasses au possible. En bref, pendant les un peu plus d’une heure de concert (un tout petit peu trop court), on était en mode back in nineteen five, jouissif !
Alors bien sûr on peut se demander pourquoi un tel choix ? Est-ce un aveu d’impuissance à créer aujourd’hui ce qui a fait le succès d’il y a 15 ans ? Gza n’a même pas à un seul moment fait allusion à son nouvel album. Sur le coup, je n’ai pas eu le temps de me poser véritablement la question. Une fois sur scène, Gza, du haut de ses environ 40 piges, a rappé, si je puis dire, sans interruption aucune, si ce n’est le moment où Killah Priest a interprété « B.I.B.L.E », son morceau solo présent sur le fameux second solo du Genius (oui c’est compliqué mais faut pas chercher à comprendre^^).
Niveau prestation, Gza est resté fidèle à lui-même, simple. Pas de superflu, pas de folie, l’âme pensante du Wu-Tang balance ses textes avec une fluidité déconcertante, sans artifices. Il bouge très peu, se déplace d'un côté à l'autre de l'estrade, observe le public. Killah Priest se fait assez discret mais épaule son mentor avec efficacité. On pourrait reprocher au show de manquer de punch, mais on n’est pas venu voir Method Man… Après avoir rappé la quasi-totalité de ses couplets issus de « Liquid Swords », Gza a interprété quelques couplets issus de titres Wu, comme « Reunited » ou « Clan in da front ». Ah, j’allais oublier « Breaker, Breaker » issu de son 3e album (« Beneath the surface »). Des p*tains de bons moments, comme lorsqu’une partie du public lève les mains en l’air en faisant un « W » avec ses mains !
Nos corps désarticulés se déhanchent. Gza s’enchaîne, marque une pause et s’excuse d’avoir été absent la veille pour enfin nous remercier d’être venu le lendemain. Un ou deux morceaux de plus et il pose le mic à côté du DJ, il ne reviendra pas malgré l’appel du public. Killah Priest reviendra freestyler pendant un quart d’heure… Il a l’air de prendre plaisir à voir une bonne partie du public en furie.
Je retiendrais un concert hypnotique, un voyage dans l’univers du Wu-Tang Clan du temps de son apogée, plus particulièrement dans la chamber de Gza/Genius. Un concert court mais intense comme on dit.