Madame a organisé dernièrement un "café parents". Ca se passait dans une école maternelle. Au départ, elle était seule avec les parents. Ensuite, une enseignante les a rejoints. C'était conçu ainsi.
Le soir, à la maison, madame avait le front soucieux. Envie de faire plus et mieux.
Tu comprends, elle me dit, la société va vraiment très mal, il faut faire quelque chose !
Le café parent, dans un premier temps, a entonné la ritournelle habituelle. L'école assure pas. Les enseignants sont à côté de la plaque. Patati. La discussion a ensuite conduit les parents à pousser plus loin paroles et pensées. Entrons dans les détails. La peur et la violence. La violence des enfants et entre enfants. La peur des copains. La peur des parents. La peur des enseignants.
Chacun constate comme la parole s'est délitée au fil des années et comme plus personne ne sait plus rien de ce que vit l'autre. La directrice de l'école vient ensuite "raconter". En face, ça écoute, c'est déjà ça. Ca tombe des nues. Merde, lâche un parent, on ne pensait que c'était comme ça.
Le discours des parents évolue. Ils comprennent que les enseignants, eux-aussi, sont embarqués dans le vaisseau ivre. Ils n'en reviennent pas d'apprendre que le même jour, une maîtresse de cette école assez tranquille du centre-ville a été physiquement "attaquée" par un gamin. Ou quand ils découvrent tout ce qui n'est plus fait, en terme de moyens humains, financiers, pédagogiques, pour que l'école vive et que l'enseignant enseigne et que l'enfant apprenne, partage, etc. Découvrent que leur mal être de parent épouse celui du corps enseignant. Sentent un réel de plus en plus délétère.
Moi, dit une maman, je viens d'avorter. Je me suis débrouillée. Je n'avais pas le choix. Je suis en CDD. Avec un môme, je n'aurais plus eu le job. Tout est dit crûment, sans rapport avec la semoule, du moins en apparence.
Il faut créer une association de parents, dit une dame. Ca ne peut que venir de nous !