Hélas un vieux sujet. Pourtant toujours aussi d’actualité. Faites un tour sur les sites des télévisions traditionnelles comme Radio-Canada.ca, Canoe.com, TQS.ca et vous ferez un constat navrant. La belle province souffre d’un mal vieux comme le monde : Le rejet de la nouveauté.
Cette fin de semaine, en voulant écouter l’émissionLarocque-Lapierresur le site de TVA (via Canoe) je tombe sur une totale incompréhension. Impossible d’écouter les émissions du passé. Comment en 2008, il n’est toujours pas possible d’aller sur Internet et d’écouter une émission d’actualité politique hebdomadaire ? C’est vrai, on peut toujours regarder l’émission en direct sur Internet, mais franchement, c’est une option qui ne sert probablement pas à grand chose puisqu’au même moment, il est préférable de le voir sur TV. D’autant que TVA reste une télévision généraliste accessible par Antenne. Et les jeunes friands d’Internet auront plutôt tendance à écouter ce genre d’émission n’importe quand sauf aux heures de diffusion : dimanche à midi 30! Pourtant l’interface du site a été refait recemment et probablement qu’il a couté une fortune.
PodCasts Vidéos inexistant
Mais TVA n’est pas la seule dans cette triste situation. Mais dans son cas, (puisque c’est une chaîne privée), on peut comprendre le besoin de préserver son contenu. Dans le cas de Radio-Canada, la situation a carrément catastrophique doublement navrant. Ce qui montre bien, le peu d’estime que la société d’État peut porter au web, même en 2008. Alors effectivement, il y a des quelques émissions en « webdiffusion » : 3600 secondes d’extase, On fait tous du show business, Du coeur au ventre, C’est ça la vie et Roxy. Mais comme toujours, l’internaute n’est que chatouillé dans son appétit. Il ne peut à peine voir que la dernière émission. Oubliez toutefois, les autres grosses émissions d’actualité politique de la Chaine et même de sa cousine RDI. Tout le monde en parle ? Les coulisses du pouvoir ?
D’ailleurs constat effarant : Aucune ballodiffusion vidéo ! Ni chez Radio-Canada, ni chez TVA. Ils font quoi de tout ce contenu ?
L’exemple de la France
Faisons une petite comparaison. Mais soyons objectif et ne comparons pas avec ce qui ce passe aux USA. Allons simplement en France. À partir de la chaine TF1 et de sa sœur LCI, j’ai pu télécharger sur mon baladeur, les podcasts vidéos des émissions comme plein écran, les différents journaux ainsi que quelques entrevues politique.s Du contenus vidéos facilement accessibles en ligne. Près d’une quinzaine d’émissions qu’on peut voir en stream, télécharger ou s’abonner et ainsi avoir l’ensemble des prochaines émissions sur son balladeur. Et ce n’est même pas la peine de comparer avec la chaine d’information continue France 24 qui diffuse tout son contenu en ligne, de A à Z.
Essentiellement, le problème, c’est que les médias Québécois (les grands décideurs) vont sur Internet simplement parce qu’ils savent qu’ils doivent y être. Mais personne n’y croit et surtout aucun ne veut vraiment se donner la peine d’écouter les conseils d’une génération qui ne demande que çà ou des experts dans le domaine.
Besoin d’un plan national ?
Depuis quelques semaines, une pétition traîne sur Internet. Au menu, la mise en placed’un plan numérique pour le Québec. La lettre a été rédigée par la blogueuse Patricia Tessier et a été appuyée par plusieurs membres du YulBiz, la communauté des blogueur d’affaires de Montréal. Est ce que si un tel plan est mis en place par le gouvernement, les médias suivront ensuite par osmose ? Rien n’est certain. Espérons en tout cas que dimanche prochain, lors de son passage à l’émission Tout le Monde en parle sur Radio-Canada, la blogueuse Michelle Blanc convaincra les médias, le Québec et ses gouvernants de la nécessité de se tourner une fois pour de bon vers l’avenir et d’arrêter de vivre dans un passé archaïque.
P.s.: À lire absolument, le document « Perfect Strom », un rapport d’Éric Sherer,directeur analyse stratégique et partenariats au sein de l’AFP (Agence France Presse), mais également membre de l’Atelier des médias de la radio RFI.
Extrait :
« L’un des défis, pour les journalistes, sera d’être en prise avec cette génération Internet, sans perdre leurs valeurs. Mais sans non plus leur mettre devant les yeux les m.mes vieux produits. Aujourd’hui les gens achètent des journaux pour la fonction pratique du papier, pas pour les news ! La télévision dans son format de diffusion linéaire touche à sa fin. Les jeunes ne la consomment plus qu’en bruit de fond ou à la demande.
Le succès des médias sociaux (le Web 2.0), s’explique surtout par le besoin de partager en apprenant et en découvrant. De discuter et de partager régulièrement sur des sujets qui nous intéressent, avec des gens qui comptent pour nous, dans des endroits qui nous plaisent. Un vaste feu de camp mondial ! Ces nouvelles font désormais partie du mix d’infos que nous consommons chaque jour. C’est un vrai changement qui bouleverse le paysage des médias, de la communication et de la publicité.
Leur pouvoir d’influence est croissant et ils représentent une part grandissante du traficInternet. L’ensemble de tous ces contenus constitue le moteur principal de la croissance de l’Internet. La mani.re dont ils vont affecter le journalisme n’est pas encore claire. La façon de les monétiser gu.re plus évidente. Les médias sociaux n’ont pas trouvé non plus leur modèle économique. La vidéo ou l’IP TV, non plus.
Beaucoup dépendra de la valeur future de la seule monnaie actuellement en circulation dans le Web 2.0 : les données personnelles des utilisateurs. Cet argent est-il d’ailleurs en sécurité chez Google, la banque centrale du Web ? L’utilisation de la vie privée pour gagner de l’argent est l’un des prochains enjeux majeurs.
« Un pont vers le numérique »
Les vents du changement continuent donc de souffler, seulement un peu plus fort. Tout le monde sait que la récession va encore accélérer et aggraver ces tendances, et non ralentir le mouvement.Le changement de paradigme et d’écosystème rend désormais Indispensable de repenser les modèles et les métiers, de dessiner une stratégie adapté à l’ère numérique, de bâtir un pont vers le numérique. »
Autre extrait
« D’ici 10 à15 ans, la plate-forme et les réseaux que nous sommes, tous, en train de construire vont probablement devenir plus puissants que l’invention de l’imprimerie. La deuxième vague du Web a révolutionné notre manière de communiquer (Twitter), de consommer des m€dias (YouTube, Flickr) ou de nouer des relations (Facebook). Les principaux changements résident dans la nouvelle manière de picorer l’info tout au long de la journée (le « media snacking » !). C’est le privilège de cette génération « on demand » qui sacre la « vod », la « catch-up TV », les réseaux sociaux, … pour accéder à l’information, aux divertissements, au sport, à la culture, aux connaissances, via les moteurs de recherche et les médias sociaux. »
Éric Sherer sera de passage à l’émission de Philippe Couve, l’atelier des médias sur RFI.fr le samedi prochain à 22h10 temps universel.
Il est même possible de lui poser des questions ici .