Dur aux faibles

Publié le 19 novembre 2008 par Malesherbes
Nombre de médias s’obstinent à accoler au nom de Nicolas Sarkozy le titre de président en exercice de l’Union européenne ce qui, rappelons-le encore, est totalement injustifié, pour la simple raison que l’UE n’a pas de Président. C’est peut-être cette appellation qui amène notre Président à se comporter, avec le tact et le sens diplomatique qui le caractérisent, en Président de l’Europe.
Le 4 octobre, Nicolas Sarkozy inventait un groupe du G4, constitué de l’Allemagne, de la France, de la Grande-Bretagne et l’Italie et le convoquait pour débattre de la crise financière. Démarche singulière que de choisir ainsi dans l’UE quatre pays, dont le sien, et d’en écarter vingt-trois autres, critiquable de la part de n’importe quel chef d’État mais totalement inadmissible de la part du dirigeant du pays qui exerce la Présidence du Conseil européen. Notre Président justifie sans doute cette décision par l’urgence. Certes, un Président de l’UE eut peut-être agi de même, à la limite ne consultant personne, mais au moins il aurait disposé d’un mandat pour le faire, ce qui n’est pas le cas de M. Sarkozy.
Son prédécesseur, Jacques Chirac, avait été tout aussi cavalier le 18 février 2003 en tançant les pays qui avaient signé une lettre de solidarité transatlantique à propos de la crise irakienne. Il leur reprochait d’avoir «perdu une bonne occasion de se taire » et ajoutait : « Ces pays ont été à la fois, disons le mot, pas très bien élevés et un peu inconscients ». Parmi ces pays se trouvaient déjà la Pologne et la République tchèque.
Ces deux pays viennent de réagir aux discussions qui ont eu lieu vendredi 14 novembre à Nice entre les présidents russe Dimitri Medvedev et français Nicolas Sarkozy. Ce dernier a exhorté la Russie et les États-Unis à cesser leur « course à l’armement » et à patienter jusqu’au prochain sommet de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe.
On peut considérer cette invitation comme pleine de bon sens mais il faut remarquer, d’une part, que notre Président n’était aucunement qualifié pour s’exprimer sans avoir pris l’avis des anciens satellites de l'URSS concernés et, d’autre part, il est étrange de mettre sur le même pied un système anti-missiles, donc défensif, en République tchèque et en Pologne, et des missiles, eux offensifs, dans l’enclave russe de Kalinine.
Ce n’est d’ailleurs pas la seule critique voilée que Nicolas Sarkozy a adressée au États-Unis. Il a affirmé que, lors de la crise géorgienne, l’attitude de l’UE avait été plus efficace que celle d’autres amis de la Géorgie et que Georges W. Bush lui avait déconseillé alors de se rendre chez les belligérants. Il a aussi déclaré : « les agitations dans une mer proche de navires militaires, je ne vois pas ce que ça a amené ». Ces bateaux étant censés transporter de l’aide humanitaire, on ne peut être que surpris de voir notre Président reprendre l’argument avancé par les dictateurs du Myanmar pour s’opposer à l’arrivée de l’aide française envoyée après le cyclone Nargis.
En fait, Nicolas Sarkozy est fidèle à lui-même, faible face aux durs, dur aux faibles. L’an dernier, il n’était pas de courbette assez basse devant laquelle il reculât en présence de Bush. Maintenant que celui-ci est en fin de règne, délaissé de tous, notre Président ne lui épargne aucun coup bas. Reconnaissons-lui une constance, la bassesse.