En 2000 la population gaspésienne traverse une période difficile. Plusieurs fermetures d’industries, dont la mine de Murdochville, affectent durement l’économie de certaines parties de la région. C’est dans ce contexte que Pascal Alain et Normand Canuel décident de fonder un journal qui donnera une image positive de la Gaspésie.
Les bons coups de la Gaspésie
À travers la culture, un secteur très riche mais peu couvert par les médias locaux, ils démontreront qu’il se fait aussi de bons coups. Ils se sont donnés corps et âmes à ce projet qui a vite porté fruit. Rapidement, le journal s’est démarqué par son contenu et est devenu la référence culturelle de la région. «Beaucoup de gens qui nous trouvaient ambitieux, pour ne pas dire suicidaires, mais on a plongés et le journal fêtera bientôt ses huit ans d’existence. Notre idée a fonctionné», déclare le cofondateur Pascal Alain.
Pendant plus de 5 ans, l’équipe de Graffici a maintenu le cap sur ses objectifs premiers. Avec l’aide de collaborateurs bénévoles qui, pour la plupart, n’avaient aucune formation en journalisme, la publication couvrait les événements culturels partout en région.
Par contre, tout était loin d’être rose. Le journal avait de gros problèmes financiers et les revenus de la vente publicitaire étaient loin d’être suffisants. «Au fil des ans, on a trouvé des moyens d’obtenir les fonds nécessaires par le biais de campagnes de financement. On a même déjà vendu des portions de la route 132. Cela allait de paire avec notre mission d’unir la Gaspésie», affirme le directeur actuel du journal, Frédéric Vincent. Mais malgré de nombreuses campagnes de financement, la situation ne s’améliorait pas.
2005: point de non-retour pour Graffici
«En 2005, on s’est rendus compte que plus rien n’allait du côté financier. Soit on réussissait à amener le journal dans une autre direction, soit on fermait. On n’avait plus de temps, il était minuit moins une», explique Frédéric Vincent.
L’équipe s’est alors tournée vers la Conférence régionale des élus. «La CRÉ nous a offert un soutien non seulement financier mais aussi technique. Ils nous ont donné assez d’argent pour qu’on puisse se concentrer entièrement sur le journal pendant un an mais ils ont aussi formé un comité pour nous aider à trouver des solutions», ajoute Frédéric Vincent. Une étude de marché a confirmé que le journal était très apprécié mais que le concept ne pouvait plus fonctionner. Graffici avait atteint son potentiel de lectorat. Le modèle n’était plus viable.
Un nouveau magazine Graffici
Face à cette réalité, l’équipe de Graffici n’a pas baissé les bras. Déterminée à garder le mensuel en vie, elle a pris la décision de tout changer. Le journal allait désormais couvrir l’ensemble de l’actualité régionale.
Il a fallu plusieurs mois de travail avant d’en arriver à la version finale du nouveau produit. L’équipe du journal et le comité de remise sur pied se sont concentrés sur l’élaboration d’un magazine qui conviendrait à toutes les tranches de la population. Ils ont travaillé l’image et les textes mais aussi décidé de faire affaire avec des journalistes professionnels.
Dans toute l’élaboration de ce nouveau concept, un mot d’ordre dominait: accessibilité. «On s’est dit qu’il fallait que le journal soit plus accessible en terme de contenu, de visuel mais aussi physiquement. Donc on a décidé de le distribuer gratuitement dans toutes les maisons», explique Frédéric Vincent.
En octobre 2007, la première édition généraliste est lancée. Depuis, Graffici est distribué à plus de 37 000 exemplaires, ce qui en fait le journal indépendant avec le plus grand tirage au Québec. Sa situation financière va beaucoup mieux. La vente publicitaire a augmenté passablement grâce, entre autres, à la promotion de divers organismes à travers des publi-reportages. Avec des revenus annuels de 500 000$, le budget de Graffici est maintenant équilibré. Sa bonne réputation est demeurée intacte. «Nous prendrons le pouls de la population au cours de la prochaine année. Cependant, nous pensons vraiment que les résultats sont positifs. Nous le constatons avec l’augmentation des re-venus publicitaires et des commentaires que nous recevons», ajoute le directeur.
Graffici: Une locomotive pour la Gaspésie
Graffici n’a pas été créé pour concurrencer les autres médias et même s’il couvre maintenant l’actualité générale, il ne le fera pas. Publié une fois par mois, le journal traite des mêmes sujets que les autres mais sous des angles très différents. «Je crois que les médias de la région se complètent et forment un tout», affirme le directeur.
Quand il pense à son journal dans les prochaines années, Frédéric Vincent n’a qu’une idée en tête: «Je veux vraiment que Graffici devienne une locomotive de l’information. Nous voulons faire bouger les choses.» Faire réagir la population tout en continuant de développer la nouvelle image du magazine est primordial pour toute l’équipe. Pour elle, les médias ne doivent pas se contenter de livrer de l’infor-mation, ils doivent prendre part aux événements. Frédéric Vincent compte atteindre son but, entre autres, en publiant des sondages sur des sujets qui touchent la population régionale.
Appel aux Gaspésiens Hors Gaspésie
Le rêve de Frédéric Vincent est de rejoindre l’ensemble des Gaspésiens vivant partout à travers le monde. Restez en contact avec vos racines gaspésiennes. Laissez-nous un commentaire pour que nous puissions vous donner des nouvelles de la Gaspésie.