Heu... non, en fait, rien...

Par Loïs De Murphy

Le vieillard a pris en pleine figure la loi du plus fort lancée par le petit intérimaire de la vie à dix dans un T2. Le seul moyen de piquer sonboulot avant ses soixante-dix ans l’année prochaine. La mutuelle santé pour adoucir son refus de le prendre à moins de trois cents euros par mois lui avait offert un miroir sans tain pour mater le trader d’à-côté depuis la salle de bains et éviter de voir le deuxième trou de balle qu’il s’était juré qu’on ne lui ferait pas. Bouter hors de la terre de nos gens de la bruyère des frères humains qui après nous vivront n’a pas suffit à faire croire au petit peuple défouraillé par la brigade des stupéfaits que ces sacrifices calmeraient les dieux et apaiseraient leur crise de piétaille et de mitraille – pour trois francs six sous t’as la baguette à quatre-vingt cents dans le cul et le droit de pisser debout devant les matons si tu la voles pour nourrir tes enfants sale chômeuse paresseuse mais tu as cru quoi ? Fantine en a perdu ses dents et ses cheveux alors ne viens pas pleurer pour un shoot de toxine botulique dans ta ride du lion quand je suis assise sur la mienne le souffle coupé par les gifles mortelles que lance un député à sa compagne tandis que ses ennemis sifflent plutôt que de rallumer tous les soleils et les étoiles du ciel avec Jaurès.

Tu ne te reposeras plus le dimanche Papa, marche et crève sans consommer. Je sens l’odeur des feuilles mouillées, celles que je n’essuierai pas de sur ta tombe, trop crevée pour t’honorer. Ta petite-fille crachée de mes entrailles me hait, car autruche j’ai enfoui ma tête dans le sable et laissé dehors mon feu aux jupons comme tant de ma génération qui se sont couchés au lieu de se lever pour un autre combat que celui d’aller bosser.