Le second Guide Michelin de Tokyo arrive au Japon et la capitale nipponne reste numéro un de la gastronomie. C'est vrai qu'on mange bien au Japon, que ce soit dans des 3 étoiles ou ailleurs d'ailleurs. Des étoiles, on pourrait en décerner des milliers, au sushi du coin ou au restaurant de viande de poulet en face. Je n'oublie pas les Izakaya (dont The Guardian a donné son top 10 pour Tokyo cette année). Mais il n'y a pas que Tokyo au Japon... La rumeur avait annoncé qu'un guide rouge pour Kyoto était également en préparation. Aucun mot à ce propos ces dernières semaines, mais on a trouve quelques témoignages repris sur des blogs japonais.
「外国のタイヤ会社の評価なんて」 京都の老舗はミシュランの星いりまへん
Différents restaurateurs auraient tout simplement refusés de coopérer avec les inspecteurs du Guide. Oui, car il faut préciser qu'au Japon, le guide fait, certainement, une sélection "secrète", mais demande ensuite une autorisation au chef pour placer son établissement dans le livre rouge. La version tokyoite du Guide Michelin présente en effet de très belles photos de chaque restaurants étoilés ainsi que de ses plats. La séance photo se fait comme pour un article de magazine ou... une publicité.
Bref, à Kyoto, la bonne bouffe, c'est raffiné, saisonnier, et ce n'est pas fait pour s'afficher sur un guide d'étrangers. Mais je ne crois pas à l'argument "xénophobe" donné quelque fois. La raison reste cachée au fond du coeur de certains Kyotoites. Ceux qui, quand ils parlent de la grande guerre, parlent de celle du 15e siècle ou qui regrettent le propriétaire du Château de Nijo. Ca ne veut rien dire, mais ça les amuse de faire tourner en bourrique ceux qui ne "connaissent pas". Les Français sont autant étrangers que les autres Japonais.
L'histoire est connue ici : l'ancien Premier Ministre Fukuda s'est vu refuser l'entrée d'un établissement réputé mais secret, de la ville. Voyons, personne ne l'avait invité.
Et si les inspecteurs du Guide Michelin avaient lu Alex Kerr , peut-être auraient-ils pu juger qu'ils s'aventuraient dans une bien curieuse cité :
A foreign acquaintance once made the mistake of trying to make a booking at Doi, a lavish restaurant in the eastern hills. When he called, the owner asked, "Do you know anyone who eats here ?" "No". "I that case," she murmured in her soft Kyoto dialect, "I must respectfully advise you to..." and here she slipped into English, "forget it!"
Kyoto is unfriendly, and it is unfriendly for a reason: it is an endangered species.
Alex Kerr, Lost Japan.