La crise économique, vous savez, celle qui annonce gel des embauches, plans sociaux et délocalisations vers des destinations européennes ou asiatiques. Cette crise que les entreprises assurent ne pas pouvoir assumer. Il en a été question au G20 (qui n'en déplaise à notre Président a été éclipsé par le triste congrès du PS) mais aussi de façon antérieure au G5.
Une dépêche AFP du 17/11/08 reprise par Les ECHOS fait état de la demande de 47 industriels européens
Siemens, Renault, Saint-Gobain, parmi d'autres grands groupes industriels, demandent "plus d'impulsions budgétaires", notamment de la part de l'Allemagne, première économie européenne.
La Table ronde européenne des industriels, qui rassemble 47 géants européens du secteur, a fait part lundi de son "besoin urgent de nouvelles actions politiques" face à une crise "extrêmement dangereuse". "Nous acceptons et soutenons les stratégies présentées au cours du week-end par les dirigeants du G20. Mais l'urgence de la situation appelle des mesures précises et allant beaucoup plus loin", écrivent ces grandes entreprises européennes dans un communiqué.
Les 47 industriels, parmi lesquels Siemens, SAP, Nokia, Saint-Gobain ou encore Renault, demandent en particulier "plus d'impulsions budgétaires, notamment de la part de la première économie européenne, l'Allemagne", via des programmes massifs d'investissement et des baisses d'impôt. Autres mesures réclamées : de nouvelles baisses de taux d'intérêt des banques centrales, des dispositifs garantissant l'accès au crédit, ou encore des progrès dans les négociations internationales pour la libéralisation des échanges.
Lors d'une conférence de presse téléphonique l'actuel président de l'organisation, le patron de Nokia, Jorma Ollila, a souligné que "la crise s'annonce longue, ce n'est pas une de ces récessions dont on sort au bout de six ou neuf mois." "Les Etats européens doivent prendre des mesures de relance budgétaires d'une ampleur exceptionnelle. Et l'Allemagne, qui a un tel impact sur tous les autres pays en tant que première puissance économique européenne, doit montrer la voie", a-t-il estimé. Jorma Ollila a aussi critiqué les plans de relance tendant à favoriser des secteurs d'activité ciblés. En Allemagne notamment, le secteur automobile est celui sur lequel semble se concentrer jusqu'ici l'effort politique.
En gros, on va délester mais le délestage pourrait être encore plus violent sans l'argent des Etats qui est, ne l'oublions pas, en grande partie, l'argent des contribuables dont certains sont salariés menacés de licenciement ou déja licenciés.
Chantage ou profil bas ?
On est en droit de se le demander en lisant le résumé de la déclaration des organismes patronaux européens réunis au MEDEF publiée et par les ECHOS le 20 Octobre 2008.
Il était « bon, nécessaire et utile » que les Etats interviennent pour juguler la crise. Mais maintenant que différents plans de sauvetage ont été mis en place, la puissance publique doit laisser le marché fonctionner.
Telle est la conclusion à laquelle est arrivé, vendredi, le sommet qui réunissait, au Medef, les organisations patronales de France, d'Allemagne, de Grande-Bretagne, d'Italie et des Etats-Unis. « Nous voulons dire combien nous croyons dans l'entreprise privée, a déclaré Laurence Parisot (photo), il faut que le grand public comprenne que c'est par l'entreprise qu'on trouvera la solution vers la croissance, pas par les Etats. » « C'est le business qui fait tourner l'économie », a acquiescé Donald J. Shepard pour la US Chamber of Commerce.
« Il ne faut pas laisser les gens dire que c'en est fini du capitalisme », a renchéri Jürgen Thumann au nom du BDI allemand. Pour Richard Lambert, de la CBI anglaise, « les entrepreneurs doivent répéter que, si l'économie de marché a pu paraître extravagante ces dernières semaines, elle reste le meilleur système pour la prospérité de chacun ». « Nous sommes tous contre la hausse des impôts et de la dépense publique », a ajouté Emma Marcegaglia, présidente de la Confindustria italienne. Les organisations présentes ont décidé de créer une « task force » pour « nourrir le débat » sur l'« évolution du système financier international ». Source Les ECHOS
Dans le détail, on peut lire le compte rendu de ce G5 sur le site du MEDEF
G5 - APPEL DES ENTREPRISES AMERICAINES ET EUROPEENNES
1. L’INTENSITE ET L’AMPLEUR DE LA SITUATION FINANCIERE REPRESENTENT UN DEFI MAJEUR POUR L’ENSEMBLE DES PAYS
Les bouleversements financiers récents affectent maintenant l’économie réelle.
Les entreprises approuvent totalement et sans réserve les différents plans d’urgence annoncés par le Conseil européen des Vingt-Sept et par les gouvernements européens et américains pour assurer la stabilité du système bancaire et financier et la distribution normale du crédit aux entreprises et aux ménages.
Elles approuvent aussi les décisions coordonnées prises par sept banques centrales de réduction des taux d’intérêt et espèrent que ce mouvement de baisse des taux pourra se poursuivre.
Dans ces circonstances exceptionnelles, Emma Marcegaglia Présidente de la Confindustria, Laurence Parisot Présidente du Medef, Jürgen Thumann Président du BDI, Richard Lambert Directeur Général de la CBI, Donald Sherpard Chairman du Board de l’US Chamber of Commerce et Ernest-Antoine Seillière Président de BusinessEurope ont décidé de se réunir à Paris pour partager un diagnostic, examiner les conséquences de cette situation qui concerne toutes les entreprises et tous les pays et pour préparer la contribution des entreprises aux débats internationaux à venir.
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2. NOUS ATTENDONS AUJOURD’HUI :
Des responsables politiques et institutionnels :
Qu’ils continuent à coordonner étroitement et durablement leurs efforts ainsi qu’ils viennent de le faire au niveau du Conseil Européen, du G7 Finances et des banques centrales. Cette coordination devrait être étendue pour y associer les autres grands pays.
Qu’ils accélèrent la mise en œuvre des réformes pour un retour à la stabilité et à un fonctionnement normal des marchés financiers.
Qu’ils mettent en œuvre des politiques économiques adaptées à cette situation sans précédent. L’effort consenti par les gouvernements pour limiter l’impact de la crise financière doit s’accompagner d’un effort équivalent de restructuration des dépenses publiques pour éviter aux entreprises toutes nouvelles charges fiscales voire les réduire dès que possible.
Qu’ils écartent toute mesure protectionniste et renoncent à poursuivre les interventions publiques au-delà de ce qui est nécessaire pour faire face aux circonstances actuelles. Faute de quoi, le retour de la confiance et la reprise économique pourraient être retardés.
Que leurs interventions ne portent pas atteinte aux conditions de la libre concurrence.
Des banques et des institutions financières :
Qu’elles assument pleinement leur rôle de financement normal de l’économie en général, des entreprises en particulier quelque soit leur taille. Les banques centrales d’une part, et les gouvernements d’autre part, ont apporté un soutien puissant à la fois pour recapitaliser les banques qui en avaient besoin et pour assurer les liquidités suffisantes à l’ensemble des institutions financières. Les effets de ces décisions devraient bientôt se faire sentir. Dès lors, il est indispensable que les banques fassent à leur tour tout ce qui leur est possible, pour assurer une distribution normale du crédit aux entreprises.
Toutefois ceci suppose également que l’adaptation des règles prudentielles des banques et des compagnies d’assurance soit progressive et cohérente pour prévenir tout effet négatif sur le financement de l’économie. Cette adaptation devra encourager les investissements de long terme dans les entreprises.
3. NOUS NOUS ENGAGEONS :
A mobiliser nos entreprises pour faire face à la situation :
- en agissant en entreprise citoyenne,
- en étant solidaires de nos fournisseurs et sous-traitants, en particulier les petites et moyennes entreprises.
- en nous engageant à informer pleinement nos salariés des développements des conditions économiques.
- en réaffirmant notre implication pour le bien-être des territoires dans lesquels nous travaillons.
... / ... .
A constituer une « task force » spécifique destinée à préparer des propositions communes sur :
- la supervision transfrontalière,
- les agences de notation,
- la transparence,
- la révision des règles comptables,
- la gouvernance des entreprises.
4. NOUS SOMMES CONVAINCUS :
Que l’entreprise privée est le moteur de l’économie et qu’elle conduira le redressement économique. Une éthique exigeante, la prise de risque, l’esprit d’initiative, la responsabilité et la durabilité en sont les valeurs essentielles.
Que les Etats ont pleinement rempli leur rôle en mettant en place les mesures indispensables au retour à un fonctionnement normal des marchés financiers. Toutefois les gouvernements doivent être des acteurs temporaires sur les marchés. Seule l’économie de marché permet l’échange des biens, des services et des idées, et d’assurer ainsi une prospérité durable. Cela ne sera possible qu’avec un marché régulé et sans entrave.
En cette période d’incertitude, les politiques, les décideurs économiques et les médias ont une responsabilité particulière : celle de donner au public toutes les informations objectives nécessaires pour comprendre la situation actuelle.
En dépit de la gravité de cette situation, nous sommes convaincus que nos économies retrouveront le chemin de la croissance à condition que les pays écartent les mesures protectionnistes et coopèrent entre eux dans le respect des principes fondamentaux de l’économie de marché.
En politique, on dit langue de bois. En ce qui concerne les participants au G5 on pourrait dire de chêne massif.
Ni coupables ni responsables !!!
N'y a t-il aucun dirigeant des banques adhérent au MEDEF ou aux organisations patronales du G5. Ariane OBOLENSKY qui est, semble t-il, à la tête de la Fédération Bancaire Française n'est-elle membre du bureau du MEDEF ?
Les media en rendant compte de la déroute du système et des "ajustements d'effectifs" sont-ils passibles, comme en 14-18, d'une exécution capitale pour acte de démoralisation ?
Par ailleurs, nous nous serions passionnés pour des explications plus précises en ce qui concerne Les notions "d'entreprise citoyenne" et celle qui consiste à "Informer pleinement nos salariés des développements des conditions économiques" mais nous resterons sur notre faim.
Logiquement, la déclaration des 47 industriels étant plus récente que celle du patronat européen, on aurait aimé lire si les invités de Laurence Parisot, confirment la phrase de Richard Lambert "les entrepreneurs doivent répéter que, si l'économie de marché a pu paraître extravagante ces dernières semaines, elle reste le meilleur système pour la prospérité de chacun"
Nous avons fait une recherche sur le site du MEDEF pour constater que seules les élections prud'homales semblent motiver actuellement l'organisation.
Alors, soyons imaginatifs et pragmatiques : La prochaine fois, lorsque vous passerez à votre banque, pourquoi ne pas refuser de donner quelques garanties que ce soit en échange d'un prêt bancaire illimité ? Pourquoi, également, ne pas repartir avec un peu d'argent de poche à dépenser sans en parler à la famille.
Et pourquoi ne pas répondre au Trésor Public lorsqu'il vous enverra votre feuille d'impôts que votre situation vous autorise à demander à l'Etat un plan de relance de votre budget familial faute de quoi, vous cesserez de nourrir vos enfants ?
On a eu très largement eu tord de ne pas croire au slogan de campagne de Nicolas Sarkozy "Ensemble tout est possible" Il préfigurait pourtant bien cette époque ou faire les poches des autres est une activité sans risque pour une petite minorité.
Y a t-il eu quelques chefs d'Etats ou de gouvernement pour en parler et éventuellement en sourire lors du G20 ?
Au fait le nom de G20 c'est avant tout celui d'une chaine de supermarchés dont le slogan est : Dépenser moins sans aller loin.
Ah non, vous n'allez pas recommencer avec le pouvoir d'achat au moment ou les caisses sont vides et le Premier Ministre dirige un pays au bord de la faillite ...