Les Occidentaux et la presse occidentale aiment à rappeler que la Chine n’est pas un pays démocratique. Et ils ont tout à fait raison, car la Chine n’est vraiment pas démocratique.
Mais de nombreux Chinois - et qu’importe qu’ils soient endoctrinés, comme le pensent souvent les Occidentaux ou qu’ils soient convaincus par leur propre analyse - estiment que la démocratie à l’occidentale n’est pas un régime qui peut fonctionner à l’heure actuelle en Chine, pour diverses raisons.
Voici aujourd’hui certaines d’entre elles exposées par un blogueur. Seule la première partie est traduite aujourd’hui, je vais faire mon possible pour ajouter la seconde le plus rapidement possible dans les jours qui viennent.
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Donnez moi une raison d’appliquer la démocratie à l’occidentale en Chine.
Avec l’approfondissement de l’ouverture et des réformes, de nombreuses personnes, particulièrement des personnalités faisant partie de l’élite et qui se placent d’un point de vue économique, proposent de réformer le système actuel, c’est-à dire d’appliquer la démocratie à l’occidentale, le multipartisme et l’élection directe des dirigeants du pays.
Bon, faisons l’hypothèse que ces idées soient correctes, voyons voir si il est possible d’appliquer la démocratie à l’occidentale en Chine.
Le modèle démocratique constituant le plus grand succès en Occident est le système politique des Etats-Unis. (Il est en tout cas certainement le mieux connu en Chine. A noter aussi que la plupart des comparaisons entre la Chine et l’Occident se limitent aux Etats-Unis, les autres pays occidentaux étant souvent en dehors des "radars" de commentateurs chinois.) Je ne vais pas analyser en détail ce système. Mais si l’on se base sur la composition des membres de la société américaine, les Etats-Unis sont une société typique de classe moyenne, ce qui revient à dire que sa structure est en forme d’épis. Les membres de la classe moyenne sont les plus nombreux alors que les riches et les pauvres sont les deux extrémités de l’épis et constituent des minorités.
Cette structure fait que les dirigeants démocratiquement élus représentent plutôt les intérêts de la classe moyenne. Bien que certains riches puissent influencer les politiques du gouvernement par l’intermédiaire du Parlement, la direction générale reste néanmoins proche de celle souhaitée par la classe moyenne. C’est la raison de fond pour laquelle la société américaine et si stable.
(Est-ce que des analystes occidentaux se penchant sur l’état actuel de la société américaine seraient d’accord avec cette vision des choses, ou avec l’idée que le président américain actuel représente avant tout les intérêts de la classe moyenne américaine. Débat intéressant…)
Penchons-nous maintenant sur la Chine et voyons quelle est sa structure sociale. C’est une structure typique de pyramide, ce qui revient à dire que la population pauvre représente la majorité et constitue la base de la pyramide.
Mais ces dernières années, il y a des gens qui proclament à tout va que la Chine a aussi sa classe moyenne, ce qui induit véritablement en erreur. Cette soi-disante classe moyenne est en fait l’élite de la Chine et c’est elle qui est le groupe ayant le plus profité de ces années de réformes et d’ouverture, ce qu’on appelle en général les "intérêts établis". Et ce sont justement les agriculteurs, qui forment la grande partie de la couche de base, qui ont permis d’obtenir ces intérets. En d’autres termes, l’élite s’est reposée sur les agriculteurs pour obtenir ses avantages.
Ce sont aussi des personnalités de cette soi-disante élite qui proposent d’appliquer la démocratie à l’occidentale. Ils estiment que les avantages qu’ils tirent de la société actuelle sont insuffisants et qu’ils pourront en obtenir davantage si la démocratie à l’occidentale est appliquée. En est-il vraiment ainsi ? Livrons-nous à une analyse sur deux plans.
Premièrement, si la démocratie à l’occidentale est appliquée, càd si les dirigeants chinois sont élus par l’ensemble des électeurs, nous pouvons affirmer avec certitude que les personnalités éluent représenteront la majorité, soit les membres de la couche de base de la pyramide. Et le groupe élitaire qui ne représente que 10% de la population chinoise ne sera pas satisfait.
La Thaïlande est un exemple. Depuis Thaksin Shinawatra, le parti Thai Rak Thai qu’il a dirigé ("Thai Rak Thai" veut dire "les Thais aiment les Thais") repose sur les membres de la plus basse couche. Naturellement, Thaksin (et ses successeurs) représentait donc également les intérêts de la majorité, ce qui a conduit au grand mécontentement de personnalités de l’élite, qui ont alors lancé un coup d’Etat pour s’en débarasser. Une nouvelle élection a eu lieu et le résultat a été la réelection de ceux qui représentent les intérêts de la majorité. Les personnalités de l’élite ont alors de nouveau lancé des manifestations et la Thaïlande est de nouveau tombé dans le chaos.
J’ose affirmer avec certitude que si une élection anticipée se tient en Thaïlande, les élus seront encore certainement les personnalités qui déplaisent à ceux qui manifestent. Car ils appartiennent à la minorité.
Deuxièmement, il n’y a qu’en Chine que l’application d’une démocratie à l’occidentale a échoué (… plus un certain nombre d’autres pays tout de même…). Les élections sont contrôlées par les personnalités de l’élite et les élus les représentent. N’importe quelle politique et action de l’Etat a pour prémisse de prendre en considération les intérêts de l’élite. Par conséquent, les membres de la couche de base ne peuvent pas être satisfaits. Exprimer leur insatisfaction peut se faire de deux manières.
La première, c’est la méthode thaïlandaise, qui est un peu plus civilisée et qui renverse les dirigeants élus. La seconde est l’insurrection ou la révolution pour renverser les dirigeants en place. Nous connaissons bien ce genre de situations, il suffit de feuilleter un instant l’histoire de Chine pour comprendre.
(à suivre…)