Patti m’avait promis l’amour

Par Deslivres.fr

Des lumières à n’en plus finir. À la verticale comme à l’horizontal, partout des nuées d’électrons en route vers l’inconnu. Scintille magie, scintille. Réfléchies-toi sur l’eau, grimpe au ciel, avance sur la route, grignote la nuit, grignote la peur du noir. Rien n’y fait, il y a des bouts de nuit partout. Plus on s’approche et plus il fait nuit. Chaque recoin cache des ténèbres.

Un casque avec des lampes orientées dans toutes les directions et pédalant comme un fou pour percer l’enfer.
Là, un bar avec des lumières lugubres. Je voudrais parler au barman, mais il est aussi sombre que son établissement. Un vrai repère de vampire ce rade.
Mais, vous savez quoi, tout ça c’est de la foutaise. Parce que je suis avec quelqu’un qui connaît la ville. New York est un océan urbain et l’individu est singulièrement minuscule, mais, dès qu’il y a un guide, il suffit de se laisser guider. Quelle merveilleuse invention que les guides. Tout s’éclaire d’un coup. Le barman a une barbe soyeuse et un magnifique sourire édenté. Aucune protubérance canine, tu peux lâcher cette gousse d’ail et poser tes mains sur le comptoir.
Commande une bière. La vie est un bled magnifique et les barmans des gens éminemment sympathiques.
Non le vrai problème de cette ville, se sont les bottes. Incroyable le nombre de filles avec des bottes et, mis à part les anchois et le hash, c’est l’une de mes grandes faiblesses. Si vous ajoutez à cela qu’il y a eu une sacrée vague d‘émigrants irlandais et qu’il y a un nombre incalculable de rousses, vous pouvez imaginer les tourments qui vous assaillent quand vous sortez dans la rue. Enfin, je parle à la deuxième personne du pluriel alors qu’il y a des gens qui ne sont pas sensibles aux rousses. Ça, c’est l’un des plus grands mystères de l’histoire après celui du calendrier Maya, mais n’étant pas chercheur en scripts sexuels, j’en reviens à ces rousses montées sur bottes qui arpentent les rues de New York comme s’il s’agissait d’un truc anodin. D’ailleurs les hommes semblent s’en accommoder et les conducteurs ne grillent pas les feux rouges et l’ordre semble régner dans les rues tandis que des filles aux cheveux de feu dandinent sur leurs bottes.
Il est donc relativement difficile de sortir le jour car on peut rapidement finir écraser par l’un de ces camions gigantesques qui ont été conçus à seule fin d’écrabouiller les amateurs de rousses sur bottes.
Barbares.
La nuit étant extrêmement sombre sans guide et le jour extrêmement dangereux à cause des camions géants, le mieux c’est encore de sortir à la pénombre, entre 18h30 et 20h00, ou au levé du jour, entre 5h30 et 7h00. Là, on est plus ou moins en sécurité. Mais se sont des fenêtres relativement courtes et, dans ces conditions, il est difficile de visiter la ville et de dépenser du fric pour aider l’économie américaine. Alors, plutôt que d’établir un plan de 700 milliards de dollars, il vaudrait sans doute mieux munir la nuit new yorkaise de guides que l’on pourrait louer pour quelques heures afin de ne pas finir recroquevillé dans un repli funeste et renoncer à cette politique d’extermination des amateurs de bottes et, à fortiori, des amateurs de rousses.