Vous aviez refusé d'endosser le rôle du gangster, pourquoi ?
Vincent Cassel : Concrètement, je n'étais pas particulièrement passionné par le personnage mais par la manière dont le sujet était transgénérationnel. Comme il a lui-même écrit sa vie, je sentais qu'il y avait un sujet fort.
Comment vous êtes-vous plongé dans le personnage de Mesrine ?
J'ai lu tout ce qu'il y avait à lire, regardé les photos de l'époque, écouté les enregistrements vocaux, et dévoré ses deux livres bien sûr.
Considérez-vous qu'il s'agit du rôle de votre vie ?
Je ne pense pas sinon j'arrête le métier tout de suite ! Et puis, on m'en attribue un tous les dix ans. Evidemment, on essaie tous d'en avoir un quand on est comédien. Cela donne plus de liberté par la suite dans la profession.
En quoi le Mesrine du second volet est différent de celui du premier ?
Dans le premier épisode, Mesrine est plus incertain, il se cherche, des gens peuvent prendre l'ascendant sur lui. Dans le deuxième, en revanche, il lâche complètement prise ce qui était assez joyeux à tourner. Car Mesrine c'était un peu Coluche dans la vie. Ce qui semblait intéressant aussi c'est le fait qu'il réalise qu'il se met en scène, qu'il démonte peu à peu ce qu'il avait construit. Et finit par donner les réponses à un procès qui mettra 25 ans à se régler.
Quel était l'enjeu du film exactement ?
Jean-François Richet : Il s'agissait de faire un film où on ne s'ennuie pas, déjà ! Mais avec des zones de lumière et d'ombre. Nous avions envie d'une œuvre moins approximative que ce qui a déjà été fait sur le sujet. Notre optique était de traiter l'homme mais on s'est refusé à le présenter comme un héros. De sorte que le long-métrage ne s'adresse pas qu'aux nostalgiques de Mesrine.
Ne craignez-vous pas que le film suscite des "vocations" ?
Richet : J'adorais "Rocky" et je ne suis pas devenu champion de boxe pour autant ! Ce n'est que du spectacle après tout.
Est-ce qu'incarner Mesrine a changé votre avis sur lui ?
Cassel : Je n'avais pas de vision très précise avant mais je me suis rendu compte de la nature incroyable du personnage et de son discours vide. Il est bien entouré mais emprunte la parole des autres.
Quel est votre regard à tous les deux sur son exécution ?
Richet : L'équipe du film est assez d'accord sur ce point : il a été tué pour délit de grande gueule.
Cassel : C'est son rapport aux médias qui a provoqué sa chute. En 1978, il était le personnage préféré des Français mais aussi recherché par toutes les polices. Le gouvernement ne pouvait pas se permettre de le laisser libre.
Propos recueillis par
Carine Caussieu
"Mesrine : l'ennemi public n°1", dans les salles aujourd'hui