Mauritanie : Balançoire entre Trahison, mensonges et larmes

Publié le 18 novembre 2008 par Bababe

Que se passe-t-il dans le pays aux côtes les plus poissonneuses au monde ? Lire le billet de Oumar N'diaye.

Quand un pays refuse de panser les vieilles blessures de son passé et s’accroche sciemment à surfer sur le superficiel sans jamais oser affronter le combat pour l’essentiel, on ne peut s’étonner que cette même nation reproduise les mêmes erreurs et les mêmes trahisons qui ont toujours été la marque de fabrique de nombreux de ces dirigeants.

La pratique du pouvoir en Mauritanie depuis les indépendances ne peut unifier d’un côté une Mauritanie noire condamnée à vivre dans la souffrance, a subir les affres de l’injustice, à laquelle on accorde les miettes sans jamais percer les confidences de son message ainsi que les larmes de son silence, et de l’autre côté une Mauritanie arabe qui se drape dans la monarchie du pouvoir, cultive la norme raciale dans le choix des élites et souvent abuse des biens de la nation sans jamais penser aux héritiers de demain.

Le mal de la Mauritanie n’est pas seulement lié aux soubresauts de la démocratie et les erreurs d’apprentissage qui en résultent, mais aussi de cette atroce souffrance qui provient de cette absence d’unité sur tous les plans.

Les pouvoirs successifs ont fait de la Mauritanie une somme de ces composantes sans jamais chercher à faire d’elle une résultante de l’unité de ses peuples, de cette erreur stratégique naîtra les divisions tribales, culturelles, raciales, identitaires, linguistiques et territoriales.

Là où le noir mauritanien s’accrochera au français héritage colonial sans reconnaissance de la France mère, le maure s’identifiera à une arabité qui empruntera les accents d’une forte volonté d’assimilation des populations non arabophone, Ainsi la Mauritanie sera plongée pour longtemps dans des trahisons et des méfiances qui vont finalement saper tout espoir d’unité et de cohésion nationale.

Malheureusement l’avènement de la démocratie en Mauritanie a été perçu par les militaires de l’époque comme une échappatoire aux sanctions occidentales pour ne pas dire celles brandies par la France après le sommet de la Baule, alors qu’il aurait dû être un nouveau départ dans la conception des bases saines d’une politique conciliatrice et surtout un moment historique pour corriger les erreurs du passé en y associant tous les acteurs et les bonnes volontés du pays.

Il n’est pas surprenant qu’une constitution démocratique souhaitée par l’armée et rédigée dans l’ombre de la précipitation puisse mourir par la volonté de cette dernière. C’est ainsi que l’unique président démocratiquement élu en Mauritanie s‘est retrouvé prisonnier de cette armée père de la constitution militaire et qui s’estime héritière de droit du pouvoir.

Le retour de Sidi doit être une exigence pour sauver le pays de la faillite économique et en même temps une occasion de retrouver l’honneur de la nation, cependant il ne résoudra pas les fractures qui minent notre pays.

Tout est à revoir dans notre pays qui a fait tout en vitesse sans jamais s’accorder le temps de la réflexion qui s’impose ainsi que la sincérité absolue dans les actes qu’il faut.

La constitution militaire actuelle, les fondements sociaux, l’unité de la nation, l’exercice du pouvoir, les politiques territoriales, les aspects culturels, les bases de la liberté, le rôle de l’armée, la place de la religion et les droits égalitaires sont à rebâtir en Mauritanie.

La Mauritanie est maîtresse de ses problèmes, elle dispose les solutions nécessaires entre ses mains, de celles-ci dépendent son avenir et son rayonnement, oui il faudra plus du courage politique et de sincérité dans les décisions pour sortir notre pays de la pente dangereuse qui attend de l’engloutir.

Quand une nation privilégie les éloges au détriment des critiques constructives c’est la conception du pouvoir même qui en pâtie. Notre pays ne doit pas s’exonérer des examens de l’ensemble de ses échecs depuis son indépendances, on ne peut grandir qu’en se servant des solutions nées de ses propres erreurs, la Mauritanie a choisi de mettre un pansement à ses plaies sans jamais r les soigner en profondeur.

Les mauritaniens exilés un peu partout dans le monde au seul motif de leurs visions opposées du pouvoir ne sont pas des ennemis de la nation mais plutôt des inconditionnels amoureux de notre pays pour ne pas dire des fidèles serviteurs de cette Mauritanie égalitaire et fraternelles dont ils ont à cœur de bâtir.

L’extrémisme quel qu’il soit n’est pas la solution, oui la Mauritanie n’est ni blanche ni noire, elle sera ce que ses dirigeants la fera, mais on peut s’accorder que la seule façon de vaincre nos maux et nos drames proviendra de la capacité de chacun d’entre nous de s’échapper des dogmes de la race, de la tribu et de l’ethnie.

Je prie un jour pour que le rêve du pasteur Martin Luther King se réalise en Mauritanie, c’est-à-dire juger ses enfants en fonction leurs compétences sans jamais les retracer à travers la couleur de leurs peaux ou de l’appartenance tribales et ethniques.

Je termine par cette belle formule du journal de jeune Afrique je cite « pour bâtir une nation il faut plus que des bras », que dire de ce bel adage peul qui estime « que le fait de prononcer le mot feu n’a jamais entamer la brûle profonde des lèvres de celui qui l’évoque », le fait de revendiquer la justice, l’unité, l’égalité sur tous les domaines, l’avenir de la nation et l’unité de la nation doit transcender tous les clivages qui font de note pays aujourd’hui un Etat-tribu.

Oumar Moussa N’DIAYE