De Laurent Dandrieu :
"De loin, on ne voit que ça. La photo d’une tête suppliciée, dévorée par
la barbe, du front de laquelle perle une goutte de sang, comme d’une
couronne d’épines. Le Christ, à coup sûr. D’autant que la pose, de
profil, et le regard, dirigé vers le bas, évoquent immanquablement le
dernier film en date sur la Passion du Christ, celui de
Mel Gibson. Le
Christ donc.
Erreur : c’est de Mesrine qu’il s’agit, sous les traits de
Vincent Cassel. Bien que le metteur en scène et l’acteur se soient
répandus, à longueur d’interview, sur leur volonté de ne pas glorifier
le criminel,
l’intention de l’affiche n’est pas douteuse de le
présenter en victime expiatoire de la violence étatique et de la
répression policière. Comme n’est pas douteux le cynisme répété de ces
artistes et publicitaires qui ne perdent pas une occasion de proclamer
le mépris qu’ils éprouvent pour le christianisme (quand ce n’est pas de
la haine), mais que ça n’empêche nullement d’y puiser quand l’imagerie
catholique, détournée de son sens, instrumentalisée et désacralisée,
peut leur permettre de remplir leur tiroir-caisse. Avant de voir cette
affiche, j’avais plutôt de l’indifférence pour ce film mi-chèvre
mi-chou. Bravo aux génies du marketing qui ont réussi à transformer
cette indifférence en franche antipathie."
MJ