C’est une abeille qui butine la vie en permanence. Comme si les jardins qu’elle adore s’étendaient jusqu’à l’intérieur des maisons. Et les passants comme nous, qu’elle croise, reçoivent éblouis, un peu de ce miel qu’elle sait faire où se mêlent les arts dont elle se délecte.
Jardinière, elle crée des bouquets de courgettes, apprivoise encore vertes, des tomates qui rêvent rougissantes à la lumière de ses fenêtres. Elle révèle la saveur nacrée des christophines, vous offre la plus belle comme un cadeau du ciel. Le moindre brin de persil a une âme, l’estragon, une histoire. La liane du haricot tricote et le petit pois danse dans sa gousse gonflée de sève. Moi qui n’avais passion aucune pour les potagers, je m’en sens honteuse. Me voici étonnée et ravie.
Elle est entourée de tableaux. De Jean-Marc Scanreigh.
- Qu’est-ce que tu veux faire, plus tard, mon petit Scanreigh , quand tu seras grand?
- Plus tard, je veux être imprudent.
Extrait du texte de Jacques Jouet dans “Scanreigh historié ”
C’est son frère. Je ne connais pas le peintre lui-même. Mais je connais ses tableaux. La gamme de ses couleurs tendres, sensuelles et contrastées. Le rythme, la partition serrée de son graphisme. Son inspiration foisonnante.
Il y a une toile, en face de moi, chaque fois que je monte à l’étude qu’elle gère, avec son mari, l’avocat Christian Pecqueur, de grande réputation à Strasbourg. Et lorsque Brigitte me parle, j’entre dans le tableau. Je suis des yeux la course de ce passeur rapide dont on ne perçoit que les jambes. Et elles courent, ces jambes, elles courent à travers l’espace, pour rejoindre le tourbillon de la vie. Tiens, je l’appellerais bien “Le tourbillon de la vie”, ce tableau. Mais peut-être que le peintre lui a donné un autre nom? Il faudra que je demande à Brigitte. Mais si c’est le cas, tant pis. Cela ne fait rien. Pour moi, c’est comme cela, “Le tourbillon de la vie”. Et je ferai chanter Jeanne Moreau. On s’est reconnu, on s’est retrouvé….dans le tourbillon de la vie…
Et puis il y a la musique. Antoine Pecqueur ,
vous savez, ce jeune musicien virtuose, bassoniste, journaliste, passeur de musique qu’il nous fait découvrir dans ses chroniques, articles et ouvrages. Antoine, c’est son fils!
Lorsque nous avons emménagé à Strasbourg, l’année dernière et que nous nous sommes présentés à Christian et Brigitte Pecqueur, comme nouveaux voisins, de manière informelle, dans l’escalier…ils nous ont spontanément offert… des places de théâtre!
C’est ainsi. D’un art à l’autre, d’un univers découvert à un autre univers choisi, avec une vraie gourmandise et générosité, le plaisir d’offrir aux autres ce qu’on a découvert et aimé soi-même. Des savoureux macarons-maison déposés en coup de vent, à l’information sur une expo se tenant à Bâle, le prêt du livre “Singué Sabour” d’Atiq Rahimi, l’annonce d’un concert dans un temple de Strasbourg ou encore le rappel d’une émission d’Antoine: il y a des passeurs d’âme et d’amitié qu’on voudrait pouvoir remercier d’exister et présenter au monde entier.
Autour de Brigitte attentive à la carte de “La Maison des Tanneurs”, l’atmosphère de la Petite France.
Photo du panier de légumes emprunté à ce site