C'est la saison des soutenances, décidément. Après celle de Natacha le 22 et celle de Charlotte le 6 décembre, c'est le tour de Saskia Hanselaar, une amie de l'époque où je faisais mon Master 2 à Nanterre sous la direction de Ségolène Le Men. Saskia soutiendra sa thèse d'histoire de l'art à l'université de Paris-X Nanterre, MAE, rez-de-jardin, salle 2, le lundi 24 novembre à 14h00. Sa thèse est tinitulée:
Ossian ou l'esthétique des ombres: une génération de peintres français à la veille du Romantisme (1793-1833)
Avec un titre comme ça, personnellement je craque, et j'ai vraiment envie d'en savoir plus. Malheureusement je ne pourrais pas être là, faisant cours au même moment... Bon, à défaut de pouvoir soutenir Saskia le 24, j'aurais peut-être un jour, je l'espère, l'occasion de lire son travail.
Anne-Louis Girodet-Trioson, Les ombres des héros morts pour la Patrie conduites par la Victoire viennent habiter l'Elysée aérien où les ombres d'Ossian et de ses valeureux guerriers s'empressent de leur donner dans ce séjour d'immortalité et de gloire la fête de la Paix et de l'Amitié, huile sur toile, 192 x 182 cm, 1801, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau.
Pour la petite histoire, Ossian est un barde écossais mythique redécouvert par James Mcpherson, qui publia ses poèmes entre 1760 et 1763. Cette publication fit beaucoup de bruit à l'époque, notamment parce que les poèmes retranscrits par Macpherson virent leur authenticité contestée, mais surtout parce que ses thématiques et l'imaginaire qui fut attaché eut un retentissement considérable, à la fois dans les milieux littéraires et dans les milieux artistiques. Ossian était alors considéré comme le «Homère celtique», à une époque où l'Ecosse et le Pays de Galles commençaient à vouloir mettre en valeur leur culture nationale (le XVIIIe siècle est, en Ecosse, notamment l'époque de l'invention des kilts et des tartans). Les pré-romantiques et romantiques se sont emparé de l'œuvre d'Ossian notamment parce qu'elle opérait un déplacement de référent culturel par rapport à la culture classique et néoclassique: ce n'est plus la Grèce ou la Rome antiques qui sont posées en modèle, mais le monde «barbare» et nordique des Celtes. L'importance des écrits d'Ossian, complètement oublié de nos jours, était énorme au tournant des XVIIIe et XIXe siècles: il était, entre autres, l'un des poètes préférés de Napoléon. On peut en lire des extraits dans le n°23 de la collection romantique, chez Corti.
Le travail que propose Saskia est tout bonnement d'étudier la réception du mythe et de l'oeuvre ossianique dans la peinture pré-romantique française. Travail passionnant s'il en est, car la période est celle de nombreux déchirements idéologiques, esthétiques et politiques, où Ossian, en tant que héros celte, a pu servir des causes aussi différentes que le nationalisme écossais ou le bonapartisme... Bon courage à elle en tout cas pour le rite de passage.