Un petit mot sur les prix Goncourt et Renaudot 2008.
Pour une fois, ces prix récompensent une littérature ambitieuse, peu connue du grand public, ne faisant pas partie du "sérail"
.
Saluons l'attribution d'un Prix Goncourt au franco-afghan Atiq Rahimi pour Syngué Sabor (Pierre de patience)
édité chez POL.
D'une part, parce qu'il s'agit d'un écrivain d'origine afghane, francophone (c'est son premier roman écrit en français), d'autre part, parce que ce prix récompense pour la première fois l'éditeur
POL qui promeut une littérature française de création et est souvent découvreur de jeunes talents (Emmanuelle Pagano entre autres).
Le jury du Goncourt n'a pas cédé à la tentation du coup éditorial de la rentrée, représenté par le premier roman Une éducation libertinede Jean-Baptiste Del
Amo
C'est en soi une bonne chose ! Aussi, lorsque je regarde sur I-Télé, l'interview d'Eric Nauleau, le co-auteur du Jourde et Nauleau, ouvrage polémique sur la littérature française
contemporaine, vilipender Atiq Rahimi, je ne suis pas d'accord !
D'accord sur le fait que POL appartient au groupe Gallimard , qu'il n'est pas un éditeur inconnu quoi que très peu connu du grand-public. Mais l'ensemble des critiques et plusieurs de mes amis
ont salué la belle langue de Rahimi, inspirée de la poésie persane ....
J'attends de le lire pour me faire ma propre opinion mais je ne pense pas que l'on puisse dire qu'il s'agit d'un prix politique parce qu'il traite de la condition féminine en Afghanistan. Alors,
le très beau roman de Yasmina Khadra, Les hirondelles de Kaboul ne serait aussi que politique ?
C'est vrai que depuis quelques années, beaucoup de prix sont décernés aux auteurs francophones (Léonora Miano et Alain Mabanckou entre autres). Justement parce qu'ils apportent à la littérature
française un nouveau souffle. Autre que celui du sérail parisien et des auteurs grand-public tels Anna Gavalda ou Marc Lévy.
Donc, oui, je vais lire Syngué Sabor ; cela fait très longtemps que j'ai lu un Goncourt....
Saluons également le Prix Renaudot attribué à "un illustre inconnu" : Le roi de Kahel de Tierno Monénenbo, auteur guinéen. La prodigieuse épopée solitaire d’Olivier de Sanderval, qui voulut se tailler un royaume dans l’actuelle Guinée, au nez et à la barbe des autorités coloniales françaises… et des
Anglais. Un portrait à charge de la colonisation française...
Voila, c'est peut-être encore politique mais je préfère que l'on recompense la francophonie, qu'elle soit guinéenne ou afghane, plutôt que de récompenser un auteur du sérail
parisien......