La critique
Chronique humble et touchante de l'enfance
1977, une jeune fille issue d’un milieu populaire rentre au collège. Un nouveau monde, des difficultés scolaires, des problèmes pour s’adapter aux autres. Voici, l’histoire de Stella, dont les parents tiennent un modeste hôtel-bar et mènent (dixit leurs propres propos) « une vie de merde ». Passer ses journées à servir les autres,dans un brouhaha constant, en mettant souvent au placard ses propres désirs…Cette existence, ils espèrent l’éviter à leur progéniture. Pendant 1h43 nous allons donc observer, à hauteur d’enfant, avec ses yeux, les bouleversements de la vie de Stella. La caméra de Sylvie Verheyde suit l’excitation de cet âge de passage, les désirs naissants et les premières désillusions. S’il faut un peu de temps pour rentrer dans l’univers un poil austère de ce long métrage, une fois que l’on s’y plonge le charme ne cesse plus d’opérer.
Car, mine de rien, Stella est une œuvre très universelle. Que l’on ait été une petite fille ou un petit garçon, on y retrouvera toujours un souvenir partagé de l’enfance, des côtés traumatisants ou ne serait-ce que certaines atmosphères particulières. Entre la vie parisienne et un éveil culturel et imaginaire inattendu et des parenthèses campagnardes mélancoliques, Stella se révèle être un film particulièrement personnel et sensible. On y retrouve des chansons de variétés des années 70 (incorporées avec beaucoup de subtilité), un casting brillant de justesse (mentions spéciales à la jeune actrice Léora Barbara et à l’interprète de sa mère, Karole Rocher) et une galerie de personnages secondaires qui parviennent tous à exister. En nous faisant partager les sensations de la jeunesse tout en gardant les mystères du monde adulte, le long métrage de Sylvie Verheyde s’avère être une belle découverte : humble et incarnée.
Critique rédigée pour le site Ecran Large