La civilisation des chariots...

Publié le 18 novembre 2008 par Jarousseau

C'est le 16 Juillet 1906 que l'Assemblée Nationale votait à l'unanimité le principe du repos dominical…. Un siècle plus tard, c'est le grand retour en arrière. La proposition de loi UMP sur l'extension du travail le dimanche sera inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée Nationale dans la première quinzaine de décembre. Le secrétaire d'Etat à la Consommation, Luc Chatel, vient de le confirmer.


La proposition de loi de Richard Mallié doit selon lui, permettre aux Français qui le souhaitent de travailler le dimanche. Disons-le clairement, cette loi va favoriser la grande distribution franchisée au profit du petit commerce et rendre immédiatement possible le travail du dimanche pour sept à huit millions de salariés au lieu des quelques centaines de milliers qui y sont actuellement autorisés. Elle ouvre également la porte à tous les autres.
Au niveau social, cette mesure est catastrophique. Le droit de refus du salarié est avancé comme l’arme absolue face à l’employeur. Pourtant, le travail du dimanche, bien qu’il soit illégal, est déjà un critère à l’embauche et à la promotion. Il ne résiste pas à des modes de rémunération ou aux limitations de la durée du travail qui imposent économiquement aux salariés de travailler le dimanche. Quel salarié peut refuser à son employeur de travailler le dimanche quant la crise organise la concurrence entre les salariés ?
Cette mesure va entraîner un peu plus le délitement de la société, surtout dans les familles les plus défavorisées et dans les zones de la périphérie qui concentrent déjà tous les problèmes. Pourquoi aurions-nous besoin, d'aller le dimanche, acheter des vêtements, des meubles ou des chaussures ? Pourquoi risquer de fragiliser davantage les liens sociaux déjà tant menacés ? Une société à besoin de temps commun, de moment de rencontre collectif : le dimanche reste une rare occasion de mettre la consommation de côté et de se consacrer à la vie associative, à la famille, aux amis.
Le dimanche, c'est le jour où l'on a du temps pour soi, pour les autres. C'est le jour ou l'on fait du sport, seul ou dans les clubs. Le travail est autorisé le dimanche pour les agents de la ville qui assurent l'ouverture des équipements sportifs. Chaque dimanche, ce sont des milliers et des milliers de rendez-vous sportifs qui sont organisés dans nos stades et nos gymnases. Voulons-nous réellement remplacer la civilisation des loisirs par celle des chariots et de la précarité ?