Ségolène Royal a affirmé, hier soir sur FR3, que des responsables du PS avaient perdu le sens de l'honneur. Après l'appel de Bertrand Delanoë invitant les militants à voter pour Martine Aubry, Ségolène Royal n'est plus aussi sûre d'elle même. Elle imagine même pouvoir perdre, jeudi soir, lors du vote des militants. Le dépit, l'amertume, la victimisation dont elle joue à l'excès la conduisent à être excessive. Alors qu'elle avait déclaré accepter par avance le vote des militants et se ranger derrière celui ou celle qui sera désigné(e) comme premier(e) secrétaire, la voilà qui, soudain, se laisse aller à évoquer le sens de l'honneur et ceux qui y auraient manqué.
Ses soutiens avancent toujours les mêmes arguments : elles est moderne (voyez mon zénith) elle est ouverte (voyez Bayrou) elle est femme (l'amour, la tendresse, les chagrins, les souffrances) elle est mystique (le pardon, les soleils, les étoiles — c'était du Jaurès —) le vote des militants (voyez les alliances)…Et les autres : Ils sont vieux, archaïques, au musée d'Epinay ! Au cimetière des éléphants ! Dépassés, accrochés aux vieilles lunes, à jeter à la poubelle de l'histoire !
Les modernes font leur campagne avec la photo de leur femme et de leurs enfants sur leur catalogue de promesses. Ils sont nés de la dernière pluie. Les modernes, quand on les connait bien, ont pourtant un pedigree imposant. Ce ne sont jamais des perdreaux(drix) de l'année. Ils sont passés, par exemple, comme « Ségolène à la plage » (1) par le conseil municipal de Trouville en 1983 où elle figurait sur la liste de Gilbert Hurel (père de l'actuelle députée de Dieppe) alors même qu'elle conseillait le président Mitterrand à l'Elysée en compagnie de son compagnon François Hollande. Les Trouvillais ont conservé un vague souvenir de ce passage de Ségolène Royal comme élue d'opposition (pendant trois ans) qui disparut de la circulation comme elle était venue après une démission à mi-mandat. 25 ans, déjà…comme le temps passe.
Interrogée par Maurice Séveno pour l'écriture de son petit livre, Ségolène Royal a refusé d'évoquer ses trois années trouvillaises qui ont disparu de sa biographie. Dommage car notre confrère lui posa une seule question d'ailleurs demeurée sans réponse : « quand vous étiez ici, êtes-vous allée à la plage ? » « Je ne réponds pas à une question pareille » déclara Ségolène. Depuis, Ségolène a changé. Il y avait même un envoyé spécial de « Gala » à Reims et ce n'était pas pour Benoit Hamon…
Revenons au sens de l'honneur. En colère, Ségolène déclare : derrière Aubry, il y a Fabius, derrière Delanoë, il y a Jospin. Et derrière Ségolène, qui trouve-t-on ? On trouve le trop célèbre Georges Frèche et son compère Navarro, le Premier secrétaire fédéral de l'Hérault, on trouve mémé Guérini et les troupes de la fameuse fédération des Bouches-du-Rhône qui, pour la première fois de son histoire est restée muette à Reims. On trouve aussi Manuel Valls et ses flatteries envers Sarkozy, François Rebsamen, le numéro 2 de la direction sortante, Edith Cresson, ancien Premier ministre ! Vive la nouveauté ! Vive le jeunisme !
Alors le coup de l'archaïsme, merci beaucoup, ce n'est qu'un truc pour gogo. Il est expérimenté à Reims, à Paris, à Louviers…ce qui demeure, c'est le choix de la ligne politique et des alliances. Que veut-on ? Des supporteurs, comme au football ? Ou des militants, comme cela devrait être le cas au PS ? Que veut-on ? Une Prima donna ? ou un(e) premier(e) secrétaire remettant collectivement le PS au travail pour s'opposer à Sarkozy et proposer d'une même voix des solutions aux immenses difficultés qui s'annoncent. Mon choix est fait depuis des mois. Je voterai jeudi pour Martine Aubry. Elle est solide dans sa tête et arc-boutée sur des valeurs intangibles qui sont l'honneur de la Gauche.
(1) Ségolène à la Plage, par Maurice Séveno, éditions Coprah, septembre 2006 (10 euros)