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Deerhoof "Offend Maggie"

Publié le 17 novembre 2008 par Jb
offend_maggie.jpg Note : 8,5/10
Meilleurs titres : The Tears Of Music And Love/ Buck And Judy/ Eaguru Guru
Deerhoof fait assurément partie de ces groupes déjantés dont j'avais parlé autrefois. Après d'excellents albums (notamment The Runners Four et Friend Opportunity), le trio devenu quatuor revient avec Offend Maggie.
Il suffit d'écouter les trois premiers titres pour comprendre les différents pôles qui structurent ce groupe souvent patchwork et que l'auditeur peu habitué pourra, dans un premier temps, trouver carrément étrange (voire rebutant).
1/ "The Tears Of Music And Love" fait partie des excellents morceaux très rock que Deerhoof affectionne. Riffs agressifs et relativement lourds, parfois d'inspiration metal, qui finissent néanmoins toujours par être édulcorés : d'une part, par la voix extrêmement particulière de la chanteuse et bassiste, la japonaise Satomi Matsusaki ; d'autre part, par des décrochages rythmiques ou des arrangements dont certains tirent vers le pop ou le rock indie.
2/ "Chadelier Searchlight" illustre la veine pop, quasiment kawaii et ludique, de Deerhoof. On se laisse porter par des batteries primesautières, des choeurs enfantins, mais sous ces dehors un peu naïfs les constructions un poil sophistiquées du groupe, dont la linéarité et la répétition ne sont carrément pas le truc, ressortent très vite.
3/ "Buck And Judy" enfin, met en exergue le côté plus expérimental, voire ovniesque, du quatuor. Ambiances étranges, parfois oppressantes, transportent l'auditeur dans des mondes très particuliers qui ne se laissent pas forcément apprivoiser à la première écoute. Pourtant, une fois passée la surprise initiale, qu'il est bon de s'y perdre !
Tout le reste de l'album (au total 14 chansons) tournera, grosso modo, autour de ces trois pôles. Il faut noter, par rapport aux deux précédents albums, un effort de plus grande cohésion et de cohérence. The Runners Four (qui reste selon moi leur meilleur opus) proposait 20 chansons très courtes, Friend Opportunity était beaucoup plus ramassé avec quelques digressions bruitistes. Offend Maggie semble synthétiser tout cela et se paye le luxe d'être parfois plus direct, moins complexe et biscornu, ce qui devrait indéniablement faciliter les rapports de Deerhoof avec ce qu'il est convenu d'appeler "le grand public" (encore que les concernant, cette appellation devrait rester des plus relatives !).
Des titres étonnants et enrichissant la palette du groupe seront rencontrés tout au long de cet album attachant, comme justement "Offend Maggie" dont l'intro sonne comme un riff de musique africaine ou indienne, ou bien "Family Of Others" qui, lui aussi, utilise les guitares acoustiques pour amener les chansons vers des paysages world music.
Il serait donc dommage de passer à côté de cet album à la dominante rock, même si Deerhoof est un assemblage hétéroclite et parfois bordélique d'influences multiples. Personnellement, je trouve qu'un morceau comme "Eaguru Guru" est des plus originaux et intéressants, en outre il mixe des paroles en anglais et en japonais, ce qui vaut toujours le déplacement !
Bien sûr on pourra trouver que nos musiciens compliquent parfois leurs compos à outrance, que celles-ci gagneraient à suivre une ligne mélodique plus constante, plus identifiable, bref qu'elles gagneraient à s'épurer et à moins partir dans tous les sens. Il est vrai que par moments, on peut être légitimement frustré de voir une bonne idée de départ complètement délaissée au profit d'une nouvelle trouvaille qui a priori n'a pas grand chose à voir : cela dit en faisant l'effort de dépasser une première impression foutraque, on relativise ce point de vue et on rentre dans le délire de ces loustics originaux et talentueux.
Preuve en est, le dernier titre d'Offend Maggie, "Jagged Fruit", absolument génial par son départ un peu balade et qui se déporte vers une ambiance d'une inquiétante étrangeté, jusqu'à vous lessiver les oreilles et vous laisser hébété.

Offend Maggie
s'impose donc comme l'un des très bons albums de l'année, continuant de porter les Deerhoof sur des territoires qui n'appartiennent qu'à eux. Aussi dilettantes qu'exigeants et pointus, aussi déconneurs que sérieux, aussi américains que japonais, ils ne sont plus à un paradoxe près !

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