Souvenez vous d’effondrement (Gallimard, 2005), magistrale analyse de l’évolution des civilisations dans le contexte de raréfactions des resources naturelles ! Son auteur, Jared Diamond, proefsseur émerité à l’Université de Los Angeles, a été couronné par le prix Pulitzer en 1998 pour un autre essai. Il était à Paris la semaine dernière à l’occasion d’un colloque organisé par l’Agence française de développement (AFD) et le Réseau européen de recherche sur le développement (EUDN) sur le thème “population et ressources naturelles”. Il en a profité pour se réjouir de la venue d’Obama à la présidence des USA. “Nous allons probablement assister au virage politique le plus drastique aux Etats-Unis en l’espace d’une vie! Les négociations sur le climat seront très différentes à partir du 1er février comparé à ce qu’elles sont aujourd’hui [...] Dans un monde de ressources finies, il n’y a que les imbéciles et les économistes pour continuer de croire en la croissance. Trop d’entre eux pensent que développement = croissance et consommation. Accroître la consommation des ressources dans les pays en développement, d’accord. Mais pas dans le monde entier. Parce qu’on est déjà à court de ressources, d’eau, de poissons… [...] La meilleure façon de persuader les Américains de réduire leur consommation est de doubler au moins le prix du pétrole, en tout cas suffisamment pour qu’ils achètent des voitures économes“.
Cité par l’AFP, il fait le point sur l’avenir des civilisations actuelles, non sans une pointe d’optimisme. Face au changement climatique, certaines sociétés s’en tireront mieux que d’autres. Tuvalu, archipel à peine émergé un mètre au-dessus de la mer “n’est pas très bien équipé”. La Nouvelle Guinée, parce qu’elle est restée jusqu’à très récemment en totale autarcie, est mieux armée. L’Europe, les Etats-Unis? “Ils vont être mal”. Par le passé, rappelle-t-il, sous l’effet des changements de climat, des sociétés ont totalement sombré dans le nord du Groenland, ou partiellement disparu sur l’île de Pâques. D’autres se sont déplacées en abandonnant leurs terres et ont survécu, tels les Mayas frappés autour de 800 par la sécheresse. “Mais en Islande ou dans le sud-ouest inhospitalier des Etats-Unis, les gens ont bien réussi à se fixer. Et ils y sont encore”.