La carnet de Grauku est le troisième roman pour la jeunesse que publie Sophie Laroche. Chez [MiC_MaC] sont déjà parus Le livre qu’il ne faut surtout, surtout, surtout pas lire et Sauve… qui peut.
Derrière Grauku se cache Manon. Jeune lycéenne complexée par ses rondeurs, elle ne se refuse aucune gourmandise, honteuse et malheureuse. C’est à son âge que surviennent les « premières fois ». Première boum, premiers garçons, premiers baisers. Mais Manon n’ose pas, se sentant raillée, humiliée.
Le talent d’écriture de Manon lui fait écrire des billets fort bien sentis que des dizaines d’internautes se mettent alors à commenter.
Et, entre tous ces commentaires se distinguent ceux d’une certaine « Kilodrame ».
Manon et elle se mettent à échanger des mails, et, saisissant la détresse de Manon, la surnommée Kilodrame conseille à Grauku une méthode apparemment fort efficace, qu’elle avait auparavant testée.
Un carnet, dans les pages duquel il faudrait énumérer tous les aliments à bannir.
Chocolat, cela ne fait aucun doute pour Manon. Il est à supprimer, une fois pour toutes.
Mais cette exclusion ne suffit pas et, bientôt, Manon noircit son carnet de tous ces mets auxquels elle s’astreint de ne plus toucher.
En se privant toujours plus, Manon ne flaire pas le danger qui la guette. Impossible de revenir en arrière. Kilodrame l’avait prévenue.
Si Le carnet de Grauku aborde un thème traité de maintes fois, il est malgré tout indispensable de le lire, car, cette fois-ci, les problèmes de poids de cette jeune fille sont abordés sous un autre angle. Manon se laisse parfois sombrer dans le désespoir, mais sa candeur et son humour la sauvent, en plus de son entourage bienveillant. La réalisation d’un blog, les dangers d’internet, et les relations amoureuses confèrent à ce livre son originalité et son côté très actuel, avec lequel l’auteur a su parfaitement composer.
C’est indéniable, Sophie Laroche sait écrire pour la jeunesse. N’hésitant aucunement à aborder des thèmes graves, elle n’a cependant pas besoin d’être moralisatrice, les légèretés et gravités de son roman suffiront à ce que le message soit compris par les jeunes lecteurs.
Mais ce livre ne s’adresse pas exclusivement à la jeunesse. En effet, cette histoire adolescente, formidablement bien écrite, retrace un parcours semé d’embûches, comme une pente glissante sur laquelle le personnage de Sophie Laroche nous emporte, jusqu’à l’émotion, sans pathos ni bons sentiments, mais avec une acuité remarquable, une connaissance des jeunes, de leurs cruautés et de leurs bontés. Et ça, c’est de la littérature. Pour tous.