Port de l'Estartit & Isles Medes, Catalunya, novembre 2008
Je n’ai pas quitté longtemps ces rivages qu’hier j’apprenais à dessiner au bout d’une canne à pêche en roseau. Mais déjà la mer s’est retirée par endroits et les poissons se sont fossilisés dans le bitume. En réglant mon pas sur les traces de mes souvenirs, ma course a échoué entre deux palmiers en polyester. Les gros bateaux amarrés ici m’empêchent de jouer dans le sable. Maintenant que les couleurs des algues s’estompent, après tant d’histoires contrariées entre le sel et les courants, je prie mon refuge. C’est un bout de rêve en carbonate et aux contours froids, qui me console avec la vieille duperie de l’éternité : pourvu que ces cailloux là-haut résistent aux orages, aussi longtemps que je pourrai pleurer.